Mes Chères Sœurs,

            Chers Amis,

Nous voilà à la veille de notre 16ème Chapitre général. Notre année de préparation et de prière pour le Chapitre s’achève avec la célébration de la Pentecôte. Reçu chaque mois, le Guide d’animation nous a aidées, à travers la parole des Béatitudes chez Matthieu 5, 1-16, à rencontrer davantage le Jésus de la Bonne Nouvelle. Jésus en attitude d’annonce comme Jésus dans le pauvre et dans la joie du partage. Ce Guide mensuel nous permettait de partager, d’abord entre nous, notre foi. Il nous poussait à marcher non seulement dans la confiance mais aussi dans la douce docilité à l’Esprit. Il nous mettait sur la route de la justice et de la paix, deux sœurs inséparables. Le Guide nous faisait méditer davantage sur l’autorité au service de la communion dans la Congrégation, épousant une attitude d’écoute à l’appel de l’audace de l’Évangile. Ce Guide nous invitait aussi à regarder nos Aînées comme tisserands de paix, à laisser agir en nous la force de l’Évangile et à renouveler le vrai zèle d’apôtre. C’est dans une posture de prophète que notre vie spiritaine devient grain de sel, répandant le parfum du bien. Bien qui éclaire et qui sent bon.

Toutes ces attitudes, ces convictions, ces prises de position et de parole de Jésus, dans ce récit des Béatitudes, sont pour nous une force pour ne jamais avoir peur de choisir le Christ dépouillé et humble. Celui qui nous apprend à laver les pieds les unes des autres, si nous voulons être vraiment ses disciples. Oser courir le risque de choisir le Christ chaque jour. Le choisir avec enthousiasme et détermination, et s’abandonner à Lui, afin de Le suivre sur les chemins, parfois bien tortueux, de nos vies.

Le Jésus des Béatitudes est très inspirant pour notre vie missionnaire. Les Béatitudes nous communiquent l’être profond de Jésus, en nous dévoilant verset après verset les choix de vie que Jésus lui-même, a fait en son temps. Hier pour Lui, comme pour nous aujourd’hui, il faut beaucoup de courage pour vivre la foi à fond. Jésus suit le vent libre de l’Esprit. Puis, Il nous invite à faire de même.

Est-ce que je suis disposée à suivre, en toute liberté, le neuf que l’Esprit m’apporte en cette Pentecôte ?

Écoutez-le, l’Esprit est là, la brise matinale dévoile sa présence, c’est lui qui nous ouvre la voie de l’espérance, sa discrète lumière nous indique le chemin de bonté… laissons qu’il nous lise cette page de l’Évangile en ouvrant en même temps notre histoire humaine à de nouvelles perspectives.

Heureuses les Spiritaines, qui apprennent à prendre soin de la pauvreté du cœur pour partager toujours sans accumuler.
Heureux les doux qui inspirent la sérénité là où ils habitent.
Heureuses celles qui savent garder un cœur pur et qui découvrent Dieu, avec émerveillement, dans les traits de beauté de leur voisine.
Heureuses celles qui savent donner et accueillir le pardon, sans entretenir les blessures.
Heureux ceux qui portent de la compassion envers ceux qui souffrent dans le silence du cœur et de la chair.
Heureuses celles qui n’ont pas peur d’agir pour que la justice devienne une réalité dans nos sociétés, sociétés de plus en plus criblées d’exclusions.
Heureux les artisans de paix qui inspirent le bien.
Heureuses celles qui ont le courage de se laisser persécuter en raison de l’amour pour Jésus et pour son Évangile.
Heureuses celles qui acceptent d’être des servantes inutiles, et parfois même insultées à cause du Ressuscité.
Tous ces hommes et ces femmes nous parlent de
l’Esprit qui les fait vivre. Par leurs attitudes ajustées au message de l’Évangile, ils et elles sont devenus des justes. Cf. Romains 8, 10.

taille pommier shutterstock 72593407Réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse, parce que ces femmes et ces hommes se sont laissés conduire par l’Esprit de Dieu et sont devenus des fils et des filles de Dieu. Cf. Romains 8, 14. Ces bienheureux et bienheureuses nous parlent, par leurs vies et sans interruption, de la bonté infinie de Dieu. C’est comme de la fine pluie qui pénètre la terre et l’ensemence. Ces vies, toutes données, dans le temps de Dieu porteront du fruit. Et c’est le Seigneur qui le dit, « Celui qui demeure en Moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire ». Cf. Jean 15, 5.

C’est vrai qu’en dehors du Seigneur nous ne pouvons rien faire. Nous l’avons vécu, très fortement, tout au long de ce mandat de Conseil. Au fil des jours, nous avons découvert davantage le Seigneur de la Paix et de la Joie. Sa puissante présence nous a accompagnées dans les jours ensoleillés comme dans les jours d’abondantes pluies. Nous avons pu toucher sa présence de maintes façons et son Esprit nous a ouvert des chemins inexplorés à notre intelligence et à nos yeux.

De cette manière, nous avons été appelées à croire au Seigneur des impossibles. Et le Seigneur des impossibles nous a réservé de belles surprises dans ce service d’animation de la Congrégation. Comme l’Esprit du vent qui souffle là où il veut. Nos programmes, bien souvent, ornés d’imprévus ont coloré la vie du 1er étage de la Maison-mère. De même, le Seigneur de l’inattendu nous a fait prendre des routes inconnues et notre confiance dans la Providence a été bien mise à l’épreuve. Nous avons appris davantage et avec plus de régularité à travailler en Équipes de travail, équipes de travail qui rassemblaient des Sœurs en dehors de l’Administration générale. Et cette expérience a été formidable pour nous toutes. Le Dieu de la créativité nous a aidées à harmoniser nos dons et à les mettre en pratique ensemble, au service de toute la Congrégation. Dynamique de synodalité !

Tout ce mouvement, des Équipes de travail liées au Conseil général, a tissé de jour en jour des liens fluides avec le Secrétariat général, l’Economat général, la Communauté de la Maison-mère, les Archives de la Congrégation, les Maisons de formation de l’Institut, les différentes Principales et nous, Conseil général. Cette animation de tissage de liens, entre nous toutes, a été une vraie Pentecôte !

La Pentecôte – Arcabas

Toutes étaient remplies d’Esprit Saint. Pour l’entendre, il nous a fallu bien nous écouter les unes les autres… et donner de l’espace pour que chacune s’exprime selon le don de l’Esprit. Sans oublier que nous venons de toutes les nations sous le ciel, nous sommes originaires de 20 nationalités, et des efforts de partout ont été déployés, pour entendre ensemble la voix du Maître qui retentissait dans nos cœurs, par l’appel à la vocation uniquement missionnaire que chacune a reçu. Cet Esprit nous rassemble en foule, en Institut. Même si, nous ne sommes pas un grand nombre, la vie circule au sein des Districts et de nos services du généralat, elle circule dans nos communautés et, malgré nos fragilités et nos faiblesses, nous parlons avec joie du Maître de la Vie. Dans les différents pays où nous vivons, dans tous ces divers lieux culturels et religieux que nous rencontrons, nous découvrons avec émerveillement des merveilles de Dieu. Cf. Actes des apôtres 2, 1-11.

Bien sûr, vous avez bien compris que j’ai paraphrasé le texte des Actes des apôtres, récit du jour de la Pentecôte, à partir de nos vies en mission, là où chacune a été envoyée, soit au sein du Conseil général comme des Services du généralat. Effectivement, combien de fois, nous avons été témoins d’une brise légère ou d’un bruit soudain, survenu sans rendez-vous préalable, ce coup de vent inattendu qui nous conduit dans la Lumière et la Force de la Parole. C’est vraiment cela la grâce de l’Esprit en nos vies. Ce jour de la Pentecôte se réactualise au milieu de nous, avec les traits de nos visages, portant les récits de nos histoires humaines, et toujours avec la même force inébranlable de l’Esprit.

Chacune des Sœurs, qu’elle soit en étape des Vœux temporaires ou dans la tranche de l’âge noble, qu’elle soit en service d’animation communautaire ou du District, en pastorale, ou dans l’éducation, la santé, la gestion, la formation de la jeune fille et de la femme ou au service du parcours de la formation de la jeune appelée à devenir spiritaine, l’important c’est de transmettre à tous cet Esprit qui nous fait vivre : « Esprit de gratuité qui ne désire que le bien de la personne et la gloire de Dieu. Esprit de fraternité universelle ouvert à la diversité des nations. Esprit du Dieu Vivant qui nous remplit de joie, signe du Royaume que nous annonçons ». Cf. Notre Vie Spiritaine, n°7.

Soeur Eugénie Caps

Écoutons-le, l’Esprit est là. Écoutons-le, dans les mots remplis d’espérance que notre chère Fondatrice, nous a laissées, héritage spirituel pour chacune de nous : « Esprit Saint, éclairez-moi pour que je fasse la très sainte volonté du Père Céleste. Que l’œuvre se fasse comme Dieu la veut ! Elle est commencée, vous conduirez tout à bonne fin ». Cf. Journal de Sœur Eugénie Caps, le 15 janvier 1921.

Écoutons-le, l’Esprit est là dans la grâce de la fidélité au Charisme initial de la Congrégation que nos Aînées ont reçu et ont transmis. L’Esprit est là dans la joie des plus jeunes, à vivre la mission avec zèle et enthousiasme, parfois dans des contextes bien difficiles. L’Esprit est là dans nos Amis et Amies, qui nous apprennent à découvrir des traits multiples, intéressants et pertinents, de notre Spiritualité, la rendant ainsi plus vivante que jamais. L’Esprit est là en chacune de nous, qui faisons des efforts pour vivre ajustées à la détermination et à l’audace des débuts de l’Institut, marchant, sans peur au pas de la Providence.

« Vivons de foi, qu’elle soit vive à transporter les montagnes. Nous voulons être à Dieu entièrement, ne gardons alors rien pour nous, il faut que nous soyons légères comme des plumes, il faut que nous volions librement ». Cf. Lettres de Sœur Eugénie Caps à Catherine Frentz, Collection spiritaine 2, page 29.

Écoutons-le, l’Esprit est là, soyons légères. Légères comme des plumes. Soyons libres de toute attache… Alors, nous l’écouterons. Bon vol.

À chacun et chacune de vous, avec tout le Conseil général, je vous souhaite une magnifique Pentecôte 2025 et que les grâces de l’Esprit reposent plus en profondeur en vous, dans vos familles et dans nos communautés à l’image d’un sceau indéniable.

Et en ce jour de pleine Lumière de l’Esprit, je vous embrasse avec joie et tendresse, 

Sœur Olga Fonseca,
Supérieure générale des Sœurs Spiritaines.