Nous avons noté le 22 mars dernier, le Centième anniversaire de la reconnaissance canonique de notre Institut. Nous souhaitons prendre le temps de le célébrer. Nous vous proposons, ce mois-ci, une réflexion sur Droit canon et notre spiritualité.
Pourquoi le droit Canon et que nous offre-t-il ?
Nous parlons de l’érection canonique, de visite canonique, souvent nous mentionnons une année canonique, nous nous référons à un code de droit canonique. Le terme « canon » nous vient du grec, c’est une règle, un modèle auquel on doit se conformer. Le droit canon regroupe les lois reconnues par l’autorité de l’Église Catholique. Baptisés et membres de l’Église, ces lois sont pour nous, elles déclinent nos droits et nos devoirs.
Le Droit Canon, depuis ses origines au IVème siècle et jusqu’à nos jours, constitue surtout, un droit Vivant pour les communautés à travers le monde. Au XXème siècle, le Code a été révisé plusieurs fois, d’abord par Benoit XV en 1917, puis par d’autres jusqu’en 1983. Le code actuel régit l’Église latine et, en 1991, il est complété pour les 23 communautés orientales liées à Rome. Des révisions continuent avec le Pape François.
La partie du Code relative aux Instituts de Vie consacrée présente beaucoup de canons (573-730), à saveur spirituelle, étant donné la place de ces Instituts dans l’Église, sous l’angle de la sainteté. Ce sont des « canons de méditation », car aptes à nourrir spirituellement.
Quelle relation pouvons-nous établir dans nos vies religieuses et missionnaires avec cet ensemble de lois ?
Nous sommes toutes soumises à des lois : les lois de la nature, les lois de nos pays. La loi de l’Église nous propose aussi des devoirs et garantit nos droits.
« Les fidèles du Christ sont ceux qui, en tant qu’incorporés au Christ par le Baptême, sont constitués en peuple de Dieu et qui, pour cette raison, faits participants à leur manière à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ, sont appelés à exercer, chacun selon sa condition propre, la mission que Dieu a confiée à l’Église pour qu’elle l’accomplisse dans le monde ». Canon 204.
Suite à l’Intuition fondatrice, un groupe de personnes se rassemble. Dès lors, leur projet pastoral, la Spiritualité, le Charisme propre seront étudiés par l’Église, qui donnera ou non son assentiment en vue d’une nouvelle famille religieuse.
Le jour de notre profession religieuse, nous avons été appelées devant la sainte Église.
« Regarde avec bienveillance ces sœurs qui aujourd’hui devant l’Église, cherchent à imiter de plus près ton fils, en professant les conseils évangéliques, que leur manière de vivre rende gloire à ton Nom et serve le salut du monde ». Rituel de Profession Spiritaine, page 16.
Notre vie est régie par des lois, des lois qui nous font vivre, « Celui qui se penche sur la loi parfaite, celle de la liberté, et qui s’y tient, lui qui l’écoute non pour l’oublier, mais pour la mettre en pratique dans ses actes, celui-là sera heureux d’agir ainsi ». Jc 1, 25.
Baptisées, nous sommes devenues enfants de Dieu et filles de l’Église
Le jour de notre Baptême, nous avons été plongées, dans la mort et la résurrection de Jésus, immergées dans la vie du Christ. Nous sommes alors configurées au Christ, devenues Filles du Père et sœurs de Jésus-Christ. Nous sommes nombreuses à ne pas nous souvenir de ce rite de passage.
Avons-nous toujours conscience que nous sommes donc les membres du Christ, incorporés à l’Église ? « Le Baptême fait de nous des collaboratrices de la Mission ». Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n° 1213.
Le Pape François, nous rassure devant cette lourde et grande responsabilité en nous rappelant que « Si nous réussissons à suivre Jésus et à rester dans l’Église, même avec nos limites, nos fragilités et nos péchés, c’est précisément grâce au Sacrement dans lequel nous avons été faits de nouvelles créatures et avons été revêtus du Christ ». Audience du 8 janvier 2014.
Dans un désir de conversion radicale, le Père François Libermann demande le Baptême et entre dans la vie chrétienne par une expérience mystique, dont il ne parlera que très tard.
« Quand l’eau coula sur mon front, il me semblait que j’étais au milieu d’un immense globe de feu ; je ne vivais plus de la vie naturelle ; je ne voyais plus rien, je n’entendais plus rien de ce qui se passait autour de moi ; il se passait en moi des choses impossibles à décrire. Cela dura pendant une partie de la cérémonie ». Père Libermann, Notes et Documents, Tome I, 90.
Dans le Commentaire de l’Église de Saint Jean, Père Libermann affirme, « Après notre Baptême, l’Esprit Saint habite en nous d’une manière vivante et vivifiante. Il y est pour devenir en nous le principe de tous les mouvements de notre âme.
Il dépend de nous, de nous laisser impressionner et influencer par Lui ». Cf. C.S.J., 85 (1840), cité dans le livre Tu as mis sur moi ta main, Alphonse Gilbert, page 11.
Spiritaines, avons-nous une manière spécifique de vivre notre Baptême ?
Le Pape François nous invite souvent à faire mémoire de notre Baptême. C’est le Baptême qui a allumé en nous la vie chrétienne. Audience du 11 avril 2018.
Soeur Eugénie Caps, notre Fondatrice, reconnaissante de tant de grâces reçues, désire les faire fructifier, « Dieu m’a créée pour que je le connaisse, l’aime, le serve et pour obtenir la vie éternelle. Dieu si bon pour moi, veut que je le connaisse. Il a voulu que je fusse baptisée, que je fasse ma Première Communion, que je sois confirmée. Mon Dieu vous m’avez appelée à la vie religieuse, vous m’avez donné l’esprit de prière et tant de grâces. Pourquoi donc tout cela ? Ce n’est que pour Votre plus grande gloire. Tout cela ne sera pas donné en vain, ô mon Dieu ! Je ferai tout fructifier par mon bon exemple, par mon obéissance, mon dévouement, ma charité, le mépris de moi-même. Je puis faire connaître Jésus, ses grâces et ses mérites. Que de bien est à faire parmi nous et au loin là-bas ! ». Journal de Sœur Eugénie Caps, 20 mai 1922.
Missionnaires du Saint-Esprit, tout commence avec notre Baptême, pour nous-mêmes et pour la Mission de l’Église. « Une même vie, celle de l’Esprit Saint, coule du Christ aux baptisés, en les unissant en un seul Corps ». Audience du 11 avril 2018.
Laissons le Père Libermann résumer l’ensemble de notre réflexion, « Je crois que tous ceux qui semblent devoir se donner à Dieu dans cette sainte œuvre sont disposés à tout et ne feront qu’entrer dans une grande joie spirituelle en voyant les règles qui exigent une plus grande perfection et qui les entretiendront dans une plus grande sainteté et à un plus grand dévouement à leur Dieu ». Père Libermann, Notes et Documents, Tome I, 662.
Questions pour un partage communautaire
- Sommes-nous disposées à vivre les vertus de notre Baptême ?
- Que veut dire pour nous être incorporées au Christ ?
- Comment sommes-nous collaboratrices du Père pour la mission ?
- Quelle conscience avons-nous de l’action de l’Esprit-Saint dans nos vies ?
Soeurs Marie-Bernadette Delpierre et Maria da Conceição Vieira de Sousa