16 mars 1931, Sœur Eugénie Caps décède à Montana, en Suisse. Aujourd’hui, nous faisons mémoire.
Sœur Eugénie Caps nous a livré dans ses écrits la Promesse. C’est-à-dire ce qu’elle-même avait entendu de la part du Seigneur, « Le Seigneur me dit : L’Œuvre réussira. Je la désire de tout mon cœur ». Cf. Ma Vocation, Collection Spiritaine 3, page 54.
Dans cette courte phrase, dans ces mots forts, le contenu de la Promesse du Seigneur à Sœur Eugénie et à toutes les Spiritaines à venir, nous est révélé pour la postérité. En accueillant dans la foi et la confiance cette Promesse, Eugénie affirme, sans hésiter un instant, que la paix intérieure ne la quittera plus, malgré les moments de doute. La Promesse c’est un chemin inconnu et inattendu certes, mais c’est le chemin du Seigneur pour nous.
Ces jours-ci, une des antiennes d’ouverture de la liturgie, nous rappelait en citant le psalmiste, « Que tes promesses orientent mes pas, Seigneur : ne laisse aucun mal me dominer ». Cf. Psaume 118, 133.
La Promesse du Seigneur oriente mes pas, la Promesse du Seigneur oriente nos pas. Et nos pas avancent dans la confiance déposée sur cette Parole. Une Parole débordante d’espérance, « l’Œuvre réussira. Je la désire de tout mon cœur ».
Mais qu’est-ce que c’est alors la Promesse ?
La Promesse se définit comme un engagement, un serment, c’est donner sa parole et c’est aussi une espérance.
Oui, la Promesse est une espérance. Une espérance qui ouvre des chemins tout au long de l’histoire du Peuple de Dieu. Et si nous suivons, même d’un regard rapide, le parcours du Peuple d’Israël, nous constatons avec joie que le Seigneur tient toujours ses Promesses.
Nous nous rappelons sûrement ce que le Seigneur a dit à Abraham : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction ». Cf. Genèse 12, 1-2. « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux. Telle sera ta descendance ! Je suis le Seigneur, qui t’ai fait sortir d’Our en Chaldée pour te donner ce pays en héritage ». Cf. Genèse 15, 5-7.
Le récit nous dit encore qu’Abraham a eu foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’Abraham était juste. Grâce à la foi d’Abraham, nous appartenons au Peuple de la Promesse.
Plus tard Josué, à la veille de sa mort, rappelle au Peuple que le Seigneur est fidèle à ses Promesses, pour aider le Peuple à être ferme dans les moments de doute, « Aucun des engagements pris par le Seigneur votre Dieu en votre faveur n’est resté sans effet. Pour vous, tous ces engagements se sont réalisés, aucun d’eux n’est resté sans effet ». Cf. Josué 23, 14.
Et dans les premières communautés chrétiennes, le rédacteur de la Lettre aux Hébreux nous dit que les fidèles font mémoire de cette belle Promesse. Une Promesse qui est transmise de génération en génération, « Le Seigneur dit à Abraham : Je te comblerai de bénédictions et je multiplierai ta descendance. Et ainsi, par sa persévérance, Abraham a obtenu ce que Dieu lui avait promis. (…) Et il est impossible que Dieu ait menti. Cela nous encourage fortement, nous qui avons cherché refuge dans l’espérance qui nous était proposée et que nous avons saisie. Cette espérance, nous la tenons comme une ancre sûre et solide ». Cf. Hébreux 6, 10-20.
Nous aussi, nous croyons à cette Promesse pour nous Spiritaines, dans la lignée de la foi d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de tous les Prophètes, de Marie et de Joseph, de Pierre et de Paul, des disciples de Jésus, de nos Aînées et des plus jeunes qui viendront se joindre à nous. Oui nous croyons à cette Promesse : « Le Seigneur me dit : L’Œuvre réussira. Je la désire de tout mon cœur ». Et l’espérance de cette Promesse, nous la tenons comme une ancre sûre et solide.
Cette année du Centenaire de la Fondation de notre Congrégation nous permet ainsi de faire mémoire de la Promesse faite par le Seigneur à Sœur Eugénie et dont nous sommes héritières, gardiennes et dont nous avons la grave responsabilité de la transmission. Car la Promesse ne produit ses fruits que quand elle circule, passant des unes aux autres, éclairée par la douce lumière de l’Esprit. Et c’est grâce à la foi d’Eugénie que nous appartenons à la Promesse.
Sœur Élise Muller décrit dans son récit sur les « Origines de la Congrégation », à la page 9, que « Le 25 avril 1915, pendant l’action de grâces, Sœur Eugénie a une vision, elle voit une assemblée de religieuses qui augmentait et se multipliait sous ses yeux et intérieurement, elle comprend qu’elle devait être la mère d’une nouvelle Œuvre de Sœurs Missionnaires ».
La Promesse est bâtie sur une parole claire, précise, qui ne laisse pas de place au doute. La Promesse nous habille d’une force intérieure et extérieure qui nous fait avancer avec détermination et lucidité.
Nous savons toutes que cette Promesse faite à Sœur Eugénie est aussi la nôtre. Nous l’avons reçue par la grâce de la transmission. Est-ce que je crois encore à la Promesse du Seigneur ? Ou avec le temps je l’ai laissé s’éteindre et elle est devenue quelque chose du passé et dépassée.
C’est vrai que pour garder la flamme de cette Promesse bien allumée, au sein de la Congrégation et dans nos cœurs, il nous faut sans cesse demander au Seigneur, comme d’ailleurs Sœur Eugénie l’a fait, la douce fidélité à l’Esprit-Saint et la persévérante confiance à l’inspiration intérieure du 25 avril 1915.
Ne nous lassons pas de faire mémoire de cette Promesse, la nôtre à nous Spiritaines, et de nous la raconter, les unes aux autres, en contemplant les merveilles du Seigneur à travers notre histoire missionnaire, depuis la fondation et jusqu’à nos jours.
Sœur Eugénie a su garder vivante la Promesse du Seigneur et elle l’exprimait ainsi à Catherine Frentz, « Voyez dans une œuvre, il faut que les fondements disparaissent, on ne voit plus rien d’eux, et cependant ils soutiennent tout l’édifice. Pour vous, aimez et soutenez l’œuvre qui fut vôtre… sanctifiez-la par vos souffrances et vos angoisses peut-être, et ainsi elle fleurira, dirigée par d’autres, mais non moins par vous qui êtes sa première mère. (…) Notre œuvre grandit et Jésus la bénit de plus en plus : 3 de nos Sœurs vont partir prochainement pour la chère Afrique. Nous avions dernièrement une prise d’habit de 15 et une rentrée d’une vingtaine de vocations et une profession de 7 Novices. N’est-ce pas, c’est beau ! ». Cf. Lettres de Sœur Eugénie Caps à Catherine Frentz, Collection Spiritaine 2, page 41.
Et mes chères Sœurs, l’espérance de cette Promesse, nous la tenons comme une ancre sûre et solide. Écoutons filles d’Eugénie la voix qui souffle au plus profond de nous. Écoutons l’espérance qui jaillit de cette Promesse. Une Promesse qui traverse les temps, les frontières, les langues, les nations. Écoute fille d’Eugénie : « L’Œuvre réussira. Je la désire de tout mon cœur ».
Sœur Olga Fonseca