Soeur Juliana Regina Francisco

Soeur Juliana, Spiritaine angolaise, partage sa  joie et son émerveillement dans sa nouvelle mission aux Philippines, depuis son arrivée en 2018.

« Allez par le monde entier et annoncez la Bonne Nouvelle à toute créature ». Mc 16,15. Ce sont les paroles adressées par Jésus à ses disciples et qui, aujourd’hui, sont adressées à nous aussi. Dans la certitude que nous sommes les messagères du Christ, avec la même mission de porter la Bonne Nouvelle dans les coins les plus reculés du monde, où peut-être personne ne veut aller. Ainsi, avec simplicité, où que nous soyons, nous partageons notre expérience avec les pauvres. Au moment de partir pour une nouvelle mission, il y a toujours une certaine crainte, la peur de l’inconnu. Surgissent des doutes et l’unique réponse qui vient à notre esprit est « ce que Dieu voudra, abandon total entre les mains de Dieu » dit le Père François Libermann.

C’est cette richesse qui nous anime, en cherchant et en partageant de nouvelles expériences et des réalités différentes de celles que nous avons laissées derrière nous. Avec beaucoup de joie et de bonheur, je partage la mission vécue ici aux Philippines. Tout d’abord, je remercie Dieu qui m’a conduite jusqu’ici, je remercie mes Sœurs de la communauté pour leur soutien et leur accueil, je remercie les laïcs, nos amis et bienfaiteurs, les surprises des enfants du Centre où nous travaillons, nommé « Balay sa Paglaum » qui signifie, « Casa de Esperança ». Un Centre qui accueille les enfants et adolescents, apportant notre soutien dans tous les sens, c’est-à-dire garantir la formation de ces enfants. C’est avec l’espérance qu’un jour, ils seront docteurs, ingénieurs, professeurs, et auront une autre vision pour organiser leur vie d’une autre manière. C’est réellement une belle mission. En même temps qu’exigeante, cela encourage le missionnaire dans sa réponse aux diverses sollicitations qui surgissent quotidiennement. Voyant les besoins de ces familles et la manière dont elles vivent pour gagner leur pain de chaque jour, c’est bien triste. En face de cela, le missionnaire est le messager du Christ au milieu du Peuple, principalement des exclus. En fait, cette mission correspond à notre Charisme de première évangélisation, pour ce Peuple qui vit dans un monde très différent. Toutefois, cela nous réconforte et encourage en même temps notre choix, en particulier notre engagement pour les pauvres. Saint Paul, nous dit que « Quoi que vous fassiez, faites-le de tout votre cœur, comme pour le Seigneur, et non pour les hommes ». En vérité, quand on fait un travail avec dévouement, naît en nous la confiance, le réconfort, la paix intérieure tout en se disant que cela en vaut la peine.

Soeur Juliana accompagne une enfant Badjau dans son apprentissage.

En ce qui concerne la vie communautaire, je dirais que c’est le meilleur trésor pour notre bonheur et notre bien spirituel, physique et psychologique. La vie communautaire est importante pour nous permettre de découvrir en vérité nos limites et en même temps apprendre à les assumer, ceci n’étant possible que dans la pratique quotidienne de la prière personnelle, communautaire et la correction fraternelle. La vie communautaire est réellement équilibrée, nous le sentons chaque jour, avec les temps forts de récollection, les réunions communautaires, les visites occasionnelles à quelques familles, les moments de détente les jours fériés, tout cela pour le bien de la communauté. Il y a aussi les charges bien partagées par chacune, il y a toujours quelque chose à faire et chacune voit le moment et le temps à y passer. Nous sommes parfois fatiguées, nous revenons à la maison et durant les repas nous partageons ce qui a été vécu, préparant ainsi le jour suivant.

Mon premier contact avec les familles des enfants que nous rencontrons tous les jours, dans un quartier appelé Tambacan, a été pour moi une expérience très touchante en voyant la façon dont ces familles vivent, dans des conditions tristes qu’il n’est pas facile de décrire, qui me font couler des larmes et me font penser, ils vivent par miracle, par la protection divine. Pour eux, c’est peut être normal et ils sont très heureux de nous accueillir et parfois de nous proposer quelque chose à manger et Il n’est pas question de refuser. Il est important de connaître la réalité des familles pour pouvoir gérer certains comportements et attitudes de ces enfants. En vérité, ces familles savent et sentent que les Sœurs font beaucoup pour leurs enfants tel que les accompagner aux consultations médicales, à l’enregistrement des naissances tant des enfants que pour les adultes. En cela, les Sœurs se dévouent avec ardeur en espérant obtenir le minimum. Elles sont en même temps parents et chargées d’éducation. De plus, il y a eu des moments marquants pour moi et qui ont fortifié ma consécration religieuse et missionnaire. En partageant la joie de vivre la mission, je peux citer, la visite de Sœur Monica Méléard, notre Supérieure générale, la naissance de Jésus à Noël, bien animée et bien vécue, la messe présidée par l’Évêque, le déjeuner fraternel et les cadeaux. Enfin, la journée des Consacrés, le 2 février, a été vécue de façon unique. Plusieurs Congrégations et même les contemplatives y ont participé, manifestant la joie de vivre la vie religieuse. La messe solennelle présidée par l’Evêque, le repas fraternel, tout cela m’a marquée de manière spéciale et unique. J’ai éprouvé cette valeur d’accueillir l’autre sans faire de différence. Tout cela fait naître en moi un grand désir de continuer à me donner à la mission qui m’a été confiée ici aux Philippines et en même temps de dire comme le psalmiste « Goutez et voyez comme est bon le Seigneur ».

                                                       Sr Juliana Regina Francisco