A travers les cours de portugais qu’elle donne, la Professeure Ana Rita Laureano, rencontre les Sœurs Spiritaines. Devenue membre du groupe de laïcs, appelé « Les Amis d’Eugénie » au Portugal, elle nous partage avec joie sa découverte de cette nouvelle famille religieuse.
J’écris ces lignes à la maison de Braga, avec vue sur le Sameiro et le Bom Jesus, et précisément six mois après ma première rencontre avec la famille Spiritaine au Portugal. J’ai reçu un appel téléphonique m’invitant à venir sans tarder, pour une rencontre, à la maison de Cruz Quebrada, avec la Supérieure et ma future étudiante. À ce moment-là, je ne savais pas grand-chose de plus, je savais seulement que la Supérieure m’attendait avec l’étudiante qui était étrangère et voulait apprendre le portugais. J’ai répondu affirmativement et je me suis arrangée pour aller aussi rapidement que possible à la rencontre. Je suis arrivée à l’heure et il m’a été fait la proposition audacieuse d’enseigner ma langue en trente heures, distribuée en trois semaines, à Sœur Sandra Dernault. La disponibilité de l’étudiante était totale, la mienne, pas tellement. Cependant, grâce à l’annulation récente d’un autre cours, nous avons rapidement été en mesure de définir un horaire intensif et le premier cours a été programmé pour le lendemain et a duré deux heures. C’était les cent vingt premières minutes d’une relation de respect, de partage et d’amitié qui a duré un semestre et qui a dépassé avec un naturel et une intensité impressionnantes les limites physiques de la classe et les horizons temporels déterminés pour ce cours.
Alors, je me suis sentie heureuse pour ce travail qui m’est littéralement tombé du ciel, autant providentiel que gratifiant. Dès le deuxième jour de formation, ma disponibilité était déjà plus grande et je pouvais programmer le cours pour le matin et l’après-midi. Je sortais pour aller manger tout près lorsque, à ce moment précis, Sœur Glória Lopes s’est dirigée vers moi, de la manière la plus simple et la plus spontanée que l’on peut imaginer « Professeur Ana Rita, voulez-vous déjeuner avec nous ? ». A quoi j’ai répondu, également sans aucune cérémonie « Oui, je veux bien, merci ! Ça sentait si bon le déjeuner préparé par Sœur Ana Maria Rodrigues da Torre !
J’ai réalisé, à partir de ce moment, que je n’entrerais plus dans la maison de Cruz Quebrada comme professeure ou prestataire de services. M’asseoir à la table avec les sœurs, mangeant de leur nourriture et participer à une partie de leur vie et de leurs habitudes, me fournissaient bien plus qu’un repas. Cela me permettait de fraterniser avec mon élève et la communauté dans une ambiance différente et détendue. Et toutes les occasions sont les bienvenues lorsque le rythme de transmission des connaissances est intense.
Le défi était lancé. Enseigner le Portugais, c’est ce qui m’avait conduite à Cruz Quebrada et partager, fut le verbe que nous avons le plus conjugué. Les trois semaines du cours intensif ont passé et je suis devenue membre du groupe d’amis d’Eugénie. Qui a lu ces lignes jusqu’à présent, pourra se demander ce que cela a à voir avec le coucher du soleil ? Eh bien, le coucher du soleil est arrivé deux semaines après avoir congédié Sœur Sandra, à l’aéroport de Lisbonne. Avec le nouveau défi et les nouvelles étudiantes, l’horaire s’est déplacé vers la fin de l’après-midi. Les Sœurs Augustina Okoye et Dorcas Ihom ont ouvert les volets des fenêtres, me permettant de contempler le mercredi le plus beau coucher de soleil à Lisbonne. De nouvelles réunions ont eu lieu avec le groupe d’amis d’Eugénie, un cadeau, plus de déjeuners le samedi, beaucoup de partage, un sympathique échange de cadeaux à Noël et une invitation très spéciale : celle de venir à Braga ce week-end. Mes élèves, Augustina et Dorcas ont renouvelé leurs vœux et c’était un grand honneur et une grande joie pour moi d’y être présente et de leur apporter mon cadeau.
C’était l’occasion idéale de faire connaissance avec la maison de Braga et de me faire proche de Sœur Trindade que j’ai connue au moment de son opération à Cruz Quebrada. Les conversations que j’avais eues avec ma sœur Glória à Lisbonne m’avaient déjà appris que les sœurs alitées de cette maison étaient parties en paix et avec tous les soins nécessaires. Ce fait a confirmé le choix du titre puisque, en fin de vie, les soins prodigués par cette communauté garantissent le bien-être physique et spirituel de toutes celles qui, autrefois, ont donné toute leur vitalité à l’esprit missionnaire d’Eugénie Caps.
À travers les couloirs, vous pouvez voir la mission de Sœur Emília Vitorino et de Sœur Maria Alice Rodrigues de Areia. Celle de Soeur Ascensão Lourenço était de m’emmener à Sameiro, au Bom Jesus et à Picoto. Ma vocation s’est croisée avec celles de ces sœurs. La mienne est d’enseigner. Celle des Spiritaines est d’être ici ou au loin, là où c’est nécessaire et où l’Esprit-Saint les envoie. Leur mission est partout et celles qui vont en pays lusophones passent par Lisbonne, goûtent des pâtisseries à la crème et apprennent qu’être poète, c’est être plus haut et que le coucher de soleil a un charme bien particulier lorsque le fleuve Tage fusionne avec l’Atlantique. Tout ce qu’il faut maintenant, c’est de sortir et le dire, en chantant, à tout le monde !
Professeur Ana Rita Laureano