Elles étaient huit. Huit spiritaines, à traverser les rues de Paris, ce lundi 4 juin, par un magnifique temps ensoleillé. Mais pourquoi ? Pour marcher sur les pas de nos Sœurs aînées, et découvrir les premières Maisons-mère des Spiritaines à Paris.
En passant devant le Panthéon, elles ont rejoint la rue Lhomond.
La rue Lhomond
C’est là, qu’après la Fondation de la Congrégation des Sœurs Missionnaires du Saint-Esprit en 1921, les premières Spiritaines se sont installées en 1924, d’abord au n°27 puis au n°29 de la rue Lhomond, juste en face de la Maison-mère des Spiritains.
Exceptionnellement, en passant par le portail du n°33, nous avons pu découvrir l’intérieur et là, merveille ! Voilà ce que nous découvrons, un magnifique jardin à la Française. Il faut dire que ce fut anciennement un vieil hôtel Louis XIV qui a gardé un certain charme. Quelle émotion de savoir que nos Sœurs aînées ont vécu dans ces lieux aménagés maintenant en appartement.
Dans le livret de la Collection spiritaine, « De Maison-mère en Maison-mère » voici ce que nous lisons à propos de cette 1ère Maison-mère.
27 et 29 rue Lhomond, Paris-Ve, de 1924 à 1940.
« D’apparence humble, pauvre, honorable, avec des murs gris frappés d’alignement, ses fenêtres dépareillées venues d’anciennes démolitions et ajustées à des ouvertures dépourvues de symétrie, tel se présente, au 29 rue Lhomond le petit immeuble dénommé couramment, Maison-mère des Sœurs du Saint-Esprit ». Cet immeuble de 1740, environ, a connu plusieurs occupants comme les sœurs Bénédictines du Saint-Sacrement et la Congrégation des Sœurs de l’Immaculée-Conception-de-Castres. Dès 1924, alors que la Congrégation des Spiritaines, fondée en 1921, n’avait pas encore ni supérieure générale ni professes, Monseigneur Le Roy installait une procure pour les Sœurs au 27 rue Lhomond, dans un appartement loué aux Bénédictines du Saint-Sacrement.
Nous poursuivons notre pèlerinage en entrant cette fois-ci chez les Spiritains, pour un temps spirituel à l’Oratoire « Père Libermann« , qui fut sa chambre autrefois. Nous rencontrons de façon providentielle le Père Marc Soyer qui, lorsqu’il était Vicaire provincial spiritain, avait présidé les fêtes du 75è anniversaire de la Fondation de la Congrégation, le 7 janvier 1996.
C’est ensuite le Père Yves Matthieu qui nous conduit à l’Oratoire et nous présente brièvement ce lieu historique où le Père Libermann a vécu ses dernières années.
Puis nous prenons un temps de partage autour de la lettre de Monseigneur le Roy s’adressant aux Spiritaines, lors du 1er Chapitre de la Congrégation en 1927. Voici un petit extrait qui nous a toutes rejointes particulièrement :
La vie apostolique, c’est la fin spéciale et distinctive de l’Institut, et vous ne sauriez trop remercier l’Esprit-Saint de vous avoir choisies, entre tant d’autres, pour vous associer à l’apostolat de ses missionnaires, annoncer la Bonne nouvelle à toute créature. Mais pour répondre aux obligations de cette vocation, que faut-il ? En deux mots, être prêtes à tout et contentes de tout, en usant de tous les moyens et de toutes les occasions pour faire le bien.
L’heure du repas approche. Nous avons choisi de prendre notre pique-nique au jardin du Luxembourg, lieu agréable et accueillant. Nous en profitons pour souhaiter un joyeux anniversaire par anticipation à Sœur Maria-José, et une bonne future mission à Sœur Elina.
Nous poursuivons notre pèlerinage en nous dirigeant vers la rue de Rennes pour arriver sur la rue du Regard. Dans le livret de la Collection spiritaine « De Maison-mère en Maison-mère », voici ce que nous lisons à propos de cette 2ème Maison-mère :
7 rue du Regard, Paris-VIe, de 1940 à 1947.
On lit dans le Journal de la communauté, « Visite de Mère Michaël à Mme Giros qui nous laisse gratuitement la jouissance d’un très bel immeuble pouvant convenir à notre Maison-mère 7 rue du Regard, dans le 6e arrondissement ». Les choses ne traînent pas ! Aux 2 et 3 octobre 1940, on peut lire, « Déménagement et aménagement dans notre somptueuse demeure que bénit, le 4, Monseigneur Le Hunsec, Supérieur général des Spiritains ». Cet immeuble était l’Hôtel de Beaune, une demeure remplie d’histoire depuis 1610, appartenant à des familles nobles et vendue à plusieurs reprises. Comment les Spiritaines vont-elles se situer dans ce décor princier, dans ces murs chargés d’histoire ? Elles conservent leur simplicité, car leurs yeux restent fixés sur l’Afrique qui les attend. La maison a été bénie un 4 octobre, sous les auspices du petit pauvre d’Assise dont on célèbre la fête. C’est tout un symbole. La secrétaire chargée du Journal de communauté n’a-t-elle pas écrit ce jour-là, « Dans notre somptueuse demeure, nous tâcherons d’imiter le détachement du fidèle amant de Dame Pauvreté ? ».
Mais nous ne pouvons pénétrer à l’intérieur car maintenant, des bureaux d’Assurance occupent cette illustre demeure.
La troisième destination devait être la Maison-mère de Boulogne Billancourt, mais le temps ne nous permettait pas de tout faire. Nous réservons cette étape pour une autre fois. Ceci-dit dans le livret « De Maison-mère en Maison-mère » voici ce que nous lisons à propos de cette 3ème Maison-mère :
6 rue Billancourt, Boulogne-sur-Seine, de 1948 à 1993.
Le 27 novembre 1947, dans le Bulletin de la Congrégation, Mère Josepha écrit : « Voici maintenant une bonne nouvelle, nous avons un Maison-mère définitive à Boulogne-sur-Seine, 16 rue Billancourt, tout près de la porte d’Auteuil. C’était un modeste pensionnat qui, jusqu’à la fin de cette année scolaire, accueillait environ 200 élèves dont une centaine d’internes. L’heureuse disposition des locaux permettra, au fur et à mesure de nos possibilités, de l’adapter à nos besoins ».
Voici les photos d’Archives de la Maison-mère à Boulogne Billancourt.
Nous terminons notre beau pèlerinage à l’Église Saint-Sulpice, où nos Sœurs aînées s’y rendaient souvent pour prier. Nous rendons grâce à Dieu, qui depuis 1921, a conduit les pas des Sœurs Spiritaines dans diverses Maisons-mère, signe de notre itinérance de Missionnaires.
Nous n’oublions pas cependant que le berceau de la Congrégation, c’est la Lorraine. En 1921, une modeste maison de Farschwiller accueille les pionnières, Eugénie Caps, la fondatrice, et ses compagnes. Lorsque les Spiritaines font le pèlerinage aux Sources, elles aiment s’arrêter devant cette toute première maison des débuts de la Fondation et faire mémoire. Cette maison est habitée maintenant par d’autres propriétaires.
Nous rentrons ensuite à la rue Plumet, l’actuelle Maison-mère depuis 1993. Le livret « De Maison-mère en Maison-mère » en parle ainsi :
18, rue Plumet, Paris XVème, 1993.
Le transfert s’opère le 20 septembre 1993. « Quitte ton pays », c’est la parole vécue par bien des Sœurs anciennes de Boulogne, porteuses de tant de souvenirs et sensibles regrets des amis, paroissiens de Notre-Dame de Boulogne. Mais on va de l’avant. L’installation mobilise tous les bras, la perspective d’habiter une maison spacieuse et accueillante dynamise tous les courages. Et la joie de vivre du nouveau stimule toute la Communauté.
Quelques jours plus tard, le Père Jean-Paul Hoch, Supérieur provincial des Spiritains de France, venu présider un jubilé, pouvait déclarer : « Vous avez eu le courage, mes Sœurs, d’abandonner une ancienne maison pour en construire une nouvelle, et cela en un temps où nous avons tous quelques humaines inquiétudes au sujet de nos congrégations missionnaires.
Dans la forme arrondie de votre nouvelle Maison-mère, je vois comme une évocation de la rondeur de notre globe terrestre, comme une évocation lancée à toutes vos sœurs répandues en tant de pays. Ici, dans cette Maison-mère, vous êtes chez vous, ici, dans nos cœurs, vous êtes chez vous et, avec vous, nous souffrons de toutes les souffrances qui accablent les Peuples où vous vivez, nous nous réjouissons de toutes les joies des Églises qui vous accueillent, nous espérons tous les espoirs qui font vivre ces personnes que vous rencontrez, aimez et servez ».
A travers ces différents déplacements de la Maison-mère, nous faisons l’expérience en tant que Missionnaires Spiritaines de la mouvance et de la docilité à l’Esprit-Saint. Nous sommes prêtes à nous déplacer, à innover, à nous laisser conduire par l’Esprit, à sortir des sentiers battus. C’est ainsi que Soeur Eugénie Caps nous rappelle le propre de notre identité spiritaine dans son Journal en 1921 :
« Notre vocation demande que nous pratiquions une profonde vie intérieure, non pour qu’ensuite nous gardions pour nous ce que nous avons médité et que nous passions notre journée, silencieuses, derrière grille et verrou. Non, pas cela. Mais nous sortirons dans le tumulte des hommes, et transmettrons à ces gens, ce que le Seigneur nous a appris. »
Soeur Sandra Dernault