Le Père François Libermann, Sœur Eugénie Caps et Mgr Alexandre Le Roy, dans leurs écrits, nous parlent du Sacrifice à la manière spiritaine. Ils nous encouragent à vivre le Sacrifice comme oubli de soi, disponibilité et générosité offertes jusqu’au bout. Pour eux le Sacrifice, se traduit par l’accueil de la vie telle qu’elle se présente, au jour le jour, avec ses épreuves et ses joies. En parcourant les évangiles, nous suivons Jésus qui accueille pleinement la vie, selon la volonté du Père, sans réserves. Sa Parole nous invite, « à nous offrir nous-mêmes en sacrifice vivant offert à Dieu, afin de discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, parfait à ses yeux ». Cf. Rom 12, 1ss. Le mot Sacrifice peut aujourd’hui être piégé par des idées qui ne sont pas toujours conformes à l’Évangile. Notre faiblesse humaine tend à nous mettre au centre de tout. Ce n’est qu’à travers nos sacrifices quotidiens que nous plaçons le Christ au centre. Il s’agit ainsi d’accepter humblement un chemin de conversion à partir de notre quotidien, sans aller chercher ailleurs. Conversion de notre regard et de notre parole. Depuis les débuts de la Congrégation, le mot Sacrifice fait partie du vocabulaire de la Spiritaine, car il donne de la liberté à notre action missionnaire. Découvrons à travers nos Anciens dans la foi et dans le zèle missionnaire l’importance du Sacrifice.
Avec Le Père Libermann : « Je vois plus que jamais que notre vie doit être une vie de sacrifice complet. Il faut que nous parvenions à une telle abnégation de nous-mêmes, dans les petites choses comme dans les grandes, que nous restions impassibles devant tout ce qui nous arrive. Il faut nous attendre à toutes les peines, à toutes les privations, à toutes les souffrances, à des difficultés de tout genre, rester debout devant Dieu, dans la paix, l’humilité, la douceur et dans une pleine confiance en la miséricorde de Dieu. Ne désespérer de rien, ne nous exalter de rien, modérant notre joie dans le succès et patientant dans l’adversité. Être en toutes choses calmes comme des hommes qui ne font que l’œuvre de Dieu, sans aucune satisfaction pour eux-mêmes, de manière que si nous réussissons, nous nous réjouissons en Dieu et pour Dieu, parce qu’il a accompli ses desseins. Mais notre joie est douce et paisible, si nous ne réussissons pas, si nous sommes arrêtés dans notre marche ». Cf. ND, XIII, p. 352.
Avec Sœur Eugénie : « Mon Jésus, que j’ai la nostalgie de ma chère Afrique ! Je ne puis entendre le mot Mission, je ne puis voir une de ses images, ou un récit, sans que je ressente une grande peine. Jésus que ce sacrifice me coûte ! ». Cf. Journal de Sœur Eugénie Caps, 23 novembre 1924. « Oui, je suis heureuse de revoir Bouzonville. Le cœur a payé un sacrifice, il s’agit du départ de Lucie Lay. Si cependant Il vous demandait un tel sacrifice, qu’Il vous donne alors la grâce de sanctifier votre douleur. Ah ! Ces brisements de cœur ! Restez-Lui fidèle ! Les œuvres de Dieu ne se fondent qu’au milieu d’épreuves et de sacrifices. Il faut à tout prix, que ceux et celles qui sont à la base, soient moulus et broyés. Mais peu importe, pourvu que le bien se fasse, que le Bon Dieu soit glorifié et les âmes sauvées ». Cf. Lettres de Sœur Eugénie Caps à Catherine Frentz, p. 13-14.
Avec Mgr Le Roy : « On a pu se demander s’il ne conviendrait pas de faire dans l’Institut une part plus considérable à la pénitence et au jeûne. Eh bien non, mes Sœurs. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas dans cette voie que, dès le principe l’Esprit-Saint dont vous êtes l’œuvre, vous a orientées. Restez donc, mes Sœurs, telles que Dieu vous a faites et sanctifiez-vous dans votre vocation. La pénitence ? Vous la pratiquerez éminemment en acceptant de bon cœur les souffrances physiques et morales qui vous seront imposées : adieux à votre famille, à vos relations, à votre patrie, déceptions, privations, insomnies, travaux de toutes sortes, maladies, mot prématurée. Les jeûnes ? Vous devez vous habituer à un régime nouveau, peut-être contraire à vos goûts, peut-être insuffisant. Saint Paul disait : Mangez ce qui vous est servi. Ce doit être la maxime de tout missionnaire. (…) en deux mots, être prêtes à tout et contentes de tout, en usant de tous les moyens et de toutes les occasions de faire le bien ». Cf. Extrait de Notre premier Chapitre général, 1927, Exhortation de Mgr Alexandre Le Roy, pages 15-16.
Soeur Olga Fonseca, Bulletin bis-annuel Entre-nous Pentecôte 2018, n°474.