Soeur Elisabeth, infirmière à Huambo.

Le 23 octobre 2017, âgée de 92 ans, Sœur Elisabeth Pinard, spiritaine française de Perpignan nous a quittées. A l’occasion de ses obsèques, Sœur Joaquina Martins, nous livre un témoignage des plus édifiants sur sa vie de missionnaire Spiritaine.

« J’ai vécu avec Sœur Elisabeth à Huambo, en Angola de 1976 à 1989.

J’arrive en Angola quelques mois après l’indépendance du pays, indépendance proclamée dans des circonstances difficiles et compliquées, et suivie d’une guerre fratricide qui a duré 26 ans. Sœur Elisabeth m’avait précédée de quelques mois. Départ en mission demandé par elle, accepté par ses responsables, mais contre l’avis des médecins qui l’avaient soigné d’une grande maladie. Elle trouve un pays totalement désorganisé, après le départ des 500 000 Portugais qui y habitaient avant. Tout était à reconstruire. Une tâche immense se présente à tous les niveaux. Et la guerre qui s’y installe pour de bon. Elle détruit tout, des vies et des biens, ce qui n’arrange pas les choses.

Soeur Elisabeth soignant un enfant.

Sœur Elisabeth va donner le meilleur d’elle-même dans le domaine de la santé, dans le social et dans la pastorale. Je garde de Sœur Elisabeth l’image d’une femme solide, ouverte, dynamique, courageuse, entreprenante, joyeuse. Toutes ces qualités agissant dans un cœur très tendre et animé d’une fois profonde. Infirmière dans le sanatorium publique, côtoyant les médecins soviétiques et cubains, son témoignage était tellement évident qu’il faisait dire à l’un d’entre eux, dans une réunion avec le personnel « Mais pourquoi ne faites-vous pas tous comme l’infirmière qui porte une croix ? ».

Mais son travail au sanatorium et cet espace étaient trop étroits pour son grand cœur.

Soeur Elisabeth et des enfants orphelins.

Qu’ils le disent les nombreux orphelins de guerre qu’elle a recueillis, placés et accompagnés dans des familles d’accueil.
Qu’ils le disent les membres du Programme Alimentaire Mondial et de la Croix Rouge Internationale avec qui elle collaborait étroitement, pour trouver de la nourriture pour les malades, les orphelins, les réfugiés et des prothèses pour les mutilés de guerre.
Qu’elles le disent les nombreuses familles en détresse qu’elle aidait avec tous ces colis arrivés de France.

Qu’il le dise le peuple du quartier de Camussamba, aujourd’hui une église locale florissante avec des vocations sacerdotales et religieuses, car elle a été la première à y aller pour fonder la Légion de Marie, pour commencer la Catéchèse, visiter les familles, connaitre les besoins des pauvres et chercher à y remédier.

Soeur Elisabeth et les enfants de la pédiatrie.

Qu’ils le disent les séminaristes du Grand Séminaire et les novices de différentes Congrégations, à qui elle donnait des cours simples de santé, d’hygiène, de premiers secours.

Qu’ils le disent aussi tous ceux qui, avec elle, comme Sœur Aleth Latreille, ont vécu la guerre des 55 jours en 1993. 55 jours sous le feu et les bombardements, où une de nos sœurs a perdu la vie et la communauté a été remplie de réfugiés. De ces jours ténébreux, Sœur Elisabeth a tenu un journal qui est gardé dans les archives de la Congrégation.

Soeur Elisabeth à la Maison-mère.

Que nous le disions, nous, ses Sœurs en communauté, car malgré toutes les activités à l’extérieur, elle a su être présente à la vie de la communauté. Elle savait à quoi elle s’était engagée et elle aimait la Congrégation.

Sœur Elisabeth, tu vas nous manquer.

Soeur Joaquina Martins