La République Centrafricaine vient de traverser une période très dure. La guerre y sévit depuis 2013. Le personnel missionnaire manquant, j’ai eu la grande joie de pouvoir y repartir pour un service en Septembre 2014. Et cela, d’autant plus volontiers que je parlais la langue du pays. J’ai vécu cette année dans le partage de la souffrance extrême de la population et à  la fois dans un grand bonheur de retrouver ce pays. Les tirs, les grenades, kalachnikov, lance-roquettes, ont émaillé nos journées et nos nuits, L’à‰glise étant toujours présente partout où les situations étaient les plus risquées. Tout a été détruit ou brà»lé sur la route des rebelles venus du nord du pays : églises, écoles, hôpitaux, cases d’habitation, plantation.

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A l’hôpital de Bangui, que je visitais régulièrement, les « Médecins sans frontières » rapatriaient les grands blessés, enfants et adultes, victimes des conflits, de toutes les régions. Je travaillais également dans une de nos écoles à  Bangui, de 5000 élèves, pour les soins aux enfants malades, perturbés par les évènements, attentive aux contacts avec les familles très souvent déstabilisées par la situation.

Puis, le Pape François a tenu à  venir malgré les avertissements qui soulignaient l’insécurité. Il a commencé son séjour en Centrafrique, par la visite de la « grande mosquée » alors que tous lui disaient qu’il y risquait sa vie. Là , il s’est tourné vers la Mecque, a défait ses chaussures, et a prié avec l’Imam. Puis, il a célébré la messe au stade « des 20 000 places » où la foule débordait de partout. Il a visité les sites des réfugiés établis depuis 2013, ainsi que le service des petits enfants malades et malnutris à  l’hôpital, ce qui l’a profondément bouleversé.

A ce jour, il semblerait qu’un miracle se soit accompli. Les armes se sont tues, les musulmans jusque-là  confinés chez eux par peur de représailles, recommencent à  sortir, les braquages ont cessé et les gens se parlent. Il faut reconnaître et saluer l’attitude exemplaire de l’archevêque de Bangui, Monseigneur Nzapalainga, jeune Spiritain centrafricain, qui plusieurs fois, a risqué sa vie pour sauver les uns et les autres et ouvrir des routes interdites.

Actuellement c’est la période électorale, un premier tour a déjà  eu lieu pour les élections présidentielles. De nombreux défis sont à  relever : l’analphabétisme, savoir pour qui l’on vote, les distances à  parcourir dans ce pays très vaste et peu peuplé, l’insécurité, la corruption, l’état des routes. Fatigués des conflits et usés par les restrictions, le peuple centrafricain aspire avant tout à  la paix. Le deuxième scrutin se prépare pour le mois de février.

En cette année de la miséricorde, nous demandons à  Dieu que, parmi les 40 candidats éligibles, dont trois émergent déjà , soit élu celui qui convient le mieux pour répondre aux besoins de la population centrafricaine qui n’a cessé de faire confiance au Seigneur et d’espérer.