Quelques bribes de conversation lors d’une courte visite à  la communauté des sœurs Spiritaines de Fribourg, en Suisse.

Les sœurs Elisabeth et Benedicta à  une dame de la paroisse :

Savez vous que nous quittons la maison au printemps ?
Après l’étonnement, viennent les questions sur le nouveau lieu de résidence des sœurs.

Nous restons à  Fribourg, nous irons dans la maison de retraite des sœurs d’Ingenbohl.

Plusieurs personnes de leur voisinage s’inquiètent alors du déménagement :

Oui, vous imaginez quitter une grande maison comme celle de la rue des Vanils, une maison dans laquelle depuis 1987 nous avons tant travaillé à  l’aménagement. Nous étions heureuses de le faire pour les jeunes. A l’époque il s’agissait d’accueillir les sœurs pour les études à  l’école de la Foi ou autres.

Chacun peut aisément imaginer le long et méticuleux temps du tri des papiers, des dossiers accumulés pendant 25 ans. Puis la réflexion et l’échange entre les deux sœurs qui aiment aussi l’avis d’une autre sœur spiritaine de passage, l’Econome ou de l’Archiviste. Déjà  les armoires se vident et les cartons s’empilent. Lourds cartons le livres ou fragiles cartons de vaisselle.

Prends ce que tu peux porter, lance avec humour Elisabeth.

Les sœurs relisent leur histoire mais également celle des spiritaines qui sont présentes en Suisse, pratiquement depuis la fondation. Les premières arrivées à  Montana étaient encore Novices, elles venaient pour se soigner puis d’autres sœurs ont été envoyées comme infirmières ou lingères. Semences spiritaines, la fondatrice elle-même sœur Eugénie Caps reçut une obédience pour la Suisse, et elle y mourut. Elle fut donc enterrée en Suisse.

Nostalgiques les sœurs ? Ce serait ne pas les connaître, sœur Benedicta confirme :

Non, nous ne restons pas dans la douleur de quitter, j’aime dire : On commence du neuf !
Elisabeth se souvient qu’à  l’époque des travaux qu’elles réalisaient dans la maison :

Parfois Benedicta était tout absorbée, elle cessait son travail et semblait plonger dans une grande méditation et je lui disais que fais tu ? Tu rêves ?
Benedicta sourit :

Oui, dit-elle, cela m’arrive encore, je m’arrête et je ne fais plus rien, un temps pour réfléchir, pour imaginer comment réaliser telle ou telle autre chose. Alors aujourd’hui, on peut de nouveau rêver. Prendre un nouveau départ.

Vivre l’élan d’une nouvelle installation à  86 ans, belle leçon de vie missionnaire !

On commence du neuf ! disent-elles en souriant.
On travaille autrement quand on a la pensée positive ! Ne pas penser à  ce que l’on perd, mais à  ce que l’on va trouver et qui sera du neuf.

La retraite ?

Nous la voulons active, chez les sœurs de la Charité de sainte Croix d’Ingenbohl. Nous aurons plus de temps pour lire et prier. Prier pour les vocations.

Car Elisabeth s’étonne encore de penser que les sœurs Jeanne et Eudoxie sont passées dans son village l’année de sa naissance. Des Spiritaines qui arrivaient d’Anvers, envoyées en mission en Suisse et sans doute prièrent elles pour les vocations.

« Priez donc le Maître de la Moisson d’envoyer des ouvriers à  sa moisson ».

 

Et les Spiritaines se souviennent du symbole apporté au Chapitre général, en juillet 2013, par la communauté de Suisse, une bogue de Cacao, qui par son amertume, donnera aussi du bon Chocolat.