Madinina : l’île aux fleurs ; c’était autrefois la Martinique, un des plus beaux pays du monde avec ses plages, ses cascades, sa nature exubérante : fleurs et forêt tropicales… Mais pourquoi les Spiritaines partent-elles vers ce pays idyllique alors qu’il est évangélisé depuis 450 ans ?

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Pour répondre à  un appel de l’évêque de Fort-de-France, un Spiritain, Mgr Lequien. Il pense sans doute qu’il ne suffit pas de baptiser mais qu’il faut enraciner la foi dans la vie de tous les jours : d’où l’importance de l’éducation des chrétiens, des mamans surtout, dont le rôle est capital au sein des familles.

C’est ainsi que, le 11 Novembre 1924, quatre Sœurs du Saint-Esprit débarquent à  Fort-de-France. Trois d’entre-elles ont prononcé leur consécration missionnaire le 5 Octobre, la quatrième est encore novice. Le Séminaire-collège, tenu par les Spiritains, sera leur premier terrain d’apostolat, un terrain qui voudrait être pépinière de vocations !

Missionnaires-chevronnés, les Pères regardent avec un peu d’inquiétude les nouvelles arrivantes sans expérience et d’une extrême jeunesse ! « Les Sœurs sont trop jeunes, vous avez raison, leur répliquera malicieusement leur supérieur général, mais soyez sans crainte, c’est le seul défaut qui guérisse infailliblement et sans qu’on le veuille, avec le temps ! » Deux Sœurs seront enseignantes au primaire, les deux autres s’investiront dans les services matériels de l’établissement…

Une nouvelle étape est franchie en 1930 : les Spiritaines arrivent à  « l’Espérance » un orphelinat affilié plus tard à  l’œuvre d’Auteuil. Elles sont heureuses de se dévouer auprès de ces enfants sans foyer, de remplacer un peu la maman qu’ils n’ont plus !

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En 1934, implantation à  Balata, à  la périphérie de Fort-de-France. Paysage de rêve, dominant la mer des Antilles. On appelle ce lieu le « Montmartre martiniquais » à  cause de l’église, véritable réduction de la célèbre basilique parisienne. C’est un pèlerinage très fréquenté : les Sœurs y assurent une présence apostolique ; elles tiennent aussi un dispensaire.

Enfin, en 1935, toujours sur la ville, ouverture d’une communauté sur la paroisse Ste Thérèse. Depuis un an déjà , les Sœur y sont responsables du dispensaire municipal. Ecoutons Sœur Elise, la supérieure, nous décrire les différentes sphères d’activité qui s’offrent aux Spiritaines :
La crèche : elle répond aux besoins de la population ouvrière. Sans elle, ces enfants, dont l’âge varie entre 40 jours et 6 ans, seraient abandonnés à  eux-mêmes tout au long des journées tandis que les mamans sont au travail. Par ces enfants, nous avons aussi un contact assidu avec les familles ; par eux, nous atteignons les mères, nous pouvons connaître et comprendre les situations difficiles, donner à  propos un conseil presque toujours accepté et suivi. Quand les petits nous quittent pour aller à  l’école, nous ne les perdons pas de vue pour autant. Chaque jour, à  midi, nous les voyons revenir à  notre cantine scolaire et nous les entendons nous dire avec leur plus large sourire : « Mangé-là  té bon, ma Sœur » (le repas était bon.)

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Le dispensaire : sur les 18 000 ou 20 000 habitants du quartier, qui sont à  peu près tous des pauvres gens, il n’y en a guère qui n’aient déjà  été soignés ou pansés par les Sœurs. Chaque matin, trois d’entre elles essaient de remédier à  une trop riche gamme de souffrances.
Puis viennent les catéchismes : 900 à  1 000 enfants chaque semaine, et notre chorale composée d’un bon noyau de jeunes filles, très douées pour le chant comme la plupart des antillaises.
Enfin voici l’ouvroir qui, en plus d’une bonne formation professionnelle, permet à  bien des jeunes femmes de gagner honnêtement leur vie.

Après le Concile, pour répondre à  de nouveaux appels, auront lieu des expériences de vie au quartier dans une étroite proximité des pauvres et des petits. Habitués à  des formes de présence plus traditionnelles, les gens n’en croient pas leurs yeux ! Certains rentrent d’emblée dans l’affaire, tel un voisin qui, un soir de dimanche, demande aux Spiritaines de bien vouloir se montrer car son camarade n’arrive pas à  croire que des Sœurs habitent comme çà  en“ H.L.M. ”. Naturellement, les quatre Sœurs répondent à  l’attente de ce brave homme, ne pouvant qu’accepter de trinquer à  la découverte amicale !

Des relations se créent ainsi entre les Sœurs et les habitants de l’immeuble, avec un partage quotidien des joies et des peines. Chaque matin, alors que leurs voisins dorment encore, les Spiritaines offrent à  Dieu, dans le silence de leur chambre, ces frères et sœurs dont elles essaient de partager la vie !