Sœur Christelle partage :

« On ne sait pas toujours à  quel moment Dieu se manifeste dans nos vies. Il s’agit d’être attentif à  tout ce qui se passe : Christelle-1.jpgl’écouter, le voir avec les oreilles et les yeux de la foi. Dieu nous connaît, il est attentif à  nos désirs». De mi-octobre à  mi-décembre 2009, la communauté du noviciat francophone s’était éclatée en deux communautés :
3 novices avec Sœur Olga Nguerepawa et trois autres avec Sœur Christiane Dhumaux. Les deux communautés ont alterné leur lieu de vie après un mois d’expérience chacune, entre Maroua où se trouve le noviciat et Kourgui à  quelques 50 kilomètres de Maroua. C’était un temps précieux pour vivre la vie apostolique, la proximité du peuple, l’initiative… bref, la mission. Après cet éclatement, la première équipe de Maroua a vécu pendant près de deux semaines une expérience forte d’apostolat qu’elle avait désirée.

En fait, un signe de Dieu est arrivé par sollicitation du curé de la paroisse, Père Emilio qui a appelé les sœurs au secours, pour la santé de Raymond, l’un des catéchistes d’un secteur de notre paroisse. Il est d’origine tchadienne et il vit seul. En quelques semaines sa santé s’est dégradée faute de soins. Nous avons vécu à  temps plein la souffrance de la maladie avec lui. Le Seigneur n’a pas voulu que nous allions loin. Nos pensées ne sont pas les siennes. Alors que pendant la réunion de préparation du projet de vie de la communauté, nous avions décidé de visiter les malades à  l’hôpital. Mais avec cet appel nous avons vu qu’il fallait plutôt nous ouvrir de plus en plus à  la disponibilité et à  l’imprévu.

Car, le Seigneur nous rencontre sur le chemin du pauvre, de celui qui souffre. Chaque jour, notre petite communauté vivait l’imprévu.

Elle avait noué son tablier pour Dieu à  travers Raymond. Nous nous alternions pour les gardes, le jour au dispensaire de notre diocèse situé un peu loin de notre quartier et la nuit un paroissien nous remplaçait. Durant ces gardes journalières nous étions présentes aussi aux autres malades, environ une vingtaine dans cette grande salle, quelques mots d’encouragement, un petit service, un geste d’amitié…

Après quelques jours, Les Pères ont amené Raymond à  la paroisse pour un temps de convalescence et continuer le traitement.

Avec nous, certains paroissiens se sont mobilisés. Les femmes apportaient la bouillie de mil, le matin, les enfants de petites visites de curiosité sympathiques. Les Sœurs, le repas, la lessive, le ménage, la propreté des choses, etc. Les pères toujours proches, paroles réconfortantes, boissons rafraîchissantes, café…
Lorsque Raymond s’est trouvé mieux, le Père Emilio l’a reconduit dans son village, en le recommandant aux voisins, le temps que sa santé soit bien rétablie.

Après Noël Raymond est venu nous visiter. Il était en bonne forme après avoir marché quatre kilomètres. Il nous a dit en souriant, «Mes Sœurs, je ne marche plus avec le bâton». Il est tout heureux du service des Sœurs. Avec fierté, il nous a présenté ainsi à  l’hôpital: «Ce sont les Sœurs de notre paroisse». Notre joie est grande de le voir aujourd’hui debout, entrain de nous sourire comme d’habitude. Car mettre l’homme debout, c’est lui donner la chance de prolonger sa vie et jouir de l’avenir.