Savez-vous que, de novembre 2008 à mi-janvier 2009, deux Spiritaines se sont retrouvées côte à côte dans un hôpital parisien ?
Pendant que Sœur Monique était soignée pour une paralysie totale due à la maladie âGuillain Barré’ Sœur Michelle avait été opérée du genou et se préparait à partir dans un service de rééducation. Sœur Marthe cherchait à quel endroit elle pourrait trouver une place pour cela. Le Seigneur est venu l’aider dans sa mission de soin des sœurs malades. Il a si bien appuyé ses recherches que Michelle a pu venir occuper la même chambre que Monique ! Quel réconfort et quelle joie pour nous deux !
Le personnel soignant qui s’occupait de nous a été assez vite étonné par la manière dont nous nous parlions : âOn dirait que ces deux dames malades se connaissent déjà très bien.’ Nous aimions beaucoup cette équipe hospitalière unie et attentive aux malades. Plus les jours passaient, plus nous échangions avec nos soignants. Un jour, un infirmier nous a demandé : âVous vous connaissez depuis longtemps ?’ Sentant beaucoup d’accueil, Monique a répondu :âDepuis 49 ans, lorsque nous sommes entrées le même jour dans la vie religieuse’. – Ah ! Etonnement, silence, et joie dans la chambre !
Religieuse ! Ce mot appelle à penser à Dieu. Et toutes ces personnes qui se donnent pour les malades sont travaillées par Dieu. Elles se sont mises à nous parler davantage . Une aide-soignante nous disait avec joie : âMa petite fille prépare sa première communion.’ Une autre nous confiait la grande peine qu’elle portait à cause de la maladie grave de son fils : âJ’étais révoltée mais, en vous soignant, je sens mon cœur s’apaiser.’ Une autre encore s’étonnait : âDepuis que vous êtes dans le service, on dirait que je change. Nous n’avions jamais eu des sœurs comme cela au milieu de nous. C’est vraiment le Bon Dieu qui a arrangé cela.’
Certains nous posaient des questions sur notre vie. Un soir trois soignantes ont demandé timidement : âVous avez eu des fiancés ?’ Nous avons répondu très simplement. Elles étaient heureuses de nos réponses : âC’est donc vraiment par un choix libre que vous avez engagé toute votre vie !’
Tous les jours une ou deux spiritaines venaient nous voir. Le personnel y était très attentif. Tous connaissaient Marthe. Parfois il posait des questions sur les autres visiteuses: âLa sœur qui est venue aujourd’hui arrivait de loin ? – Oui, de Haïti.’ Une autre fois : âVous avez donc des sœurs originaires de beaucoup de pays, de continents différents et aussi d’âges variés. Nous voyons venir des jeunes et des aînées.’ A travers ces questions ils nous donnaient l’occasion de parler de notre vie missionnaire.
Beaucoup aimaient venir se reposer un petit temps dans notre chambre. Un jour, c’est le médecin qui est venu lui-même s’asseoir entre nous deux. Il voulait un moment de détente et nous avons parlé de ses enfants.
Lorsque la rééducation de Michelle est arrivée à sa fin, c’est le cœur un peu gros qu’elle a quitté cette chambre où Monique avec courage et persévérance travaille jour après jour pour récupérer la mobilité de tous les muscles de son corps. Pour nous, ensemble nous restons unies à Monique de toute notre affection et de toute notre prière et nous pensons aussi au personnel qui l’entoure, riche de tant d’humanité.