«Oui, je la connais bien, notre chère Sœur Adèle. J’étais à  Eseka, son exemple de dévouement m’a marqué. On pouvait frapper à  sa porte à  n’importe quel moment, cette porte s’ouvrait toujours, toujours on était reçu avec le sourire». Témoigne le P.Coudray, spiritain.

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Arrivée au Cameroun en 1930 nous la trouvons à  Ngowayang, à  Douala, à  la fondation de Samba. Elle mettait la main là  où il y avait des besoins, à  la maison, à  l’école, dans les plantations. Plus tard, elle assume la responsabilité de la communauté d’Eséka.

Le soin des malades est toujours et partout, de plus en plus dans son programme. C’est surtout à  Kribi, qu’elle donnera toute sa mesure en se dévouant entièrement au soin des malades. Chaque matin, sœur Adèle les accueille au dispensaire de la mission, l’après-midi elle va au devant d’eux dans les villages. Sa connaissance de plusieurs langues lui permet d’entrer en contact avec chacun, d’écouter la plainte, la souffrance des malheureux. Une voiture sera bienvenue pour ce service. Les Sœurs de Douala et Mgr Bonneau l’ont bien compris et lui donne une 2 CV, déjà  utilisée. «En me bénissant Monseigneur me dit : Allez, le Bon Dieu vous attend là  bas. Faites du bien». «Ainsi les après-midi, je pars à  10-15 km pour visiter les villageois et soigner les malades sur les routes de Bipindi et d’Edéa. Peu à  peu, j’allais plus loin jusqu’à  70 km. Il vint même une délégation de la race Boulou, là  aussi les malades attendent de trouver du soulagement». Tous venaient les chrétiens, les musulmans, les païens, les pygmées.

Viennent les années de l’Indépendance, 1960. Les terroristes étaient en pleine activité pour semer l’insécurité, allant quelque fois jusqu’au meurtre. Sœur Adèle continue cependant ses visites dans les villages. Parfois, elle rentrait tard de ces tournées. Malgré la peur, l’insécurité, pour rien au monde elle n’aurait laissé un malade sans le soigner.

Un certain jour, un groupe de six hommes barrent le passage et obligent Sœur Adèle à  stopper. Les hommes la menacent pour prendre le volant, les papiers, les médicaments. C’est alors qu’une voix s’élève du groupe : «Ne touchez pas à  la Sœur, c’est elle qui a soigné et guéri ma mère». Silence… Les terroristes baissent leurs armes. Sœur Adèle les regarde avec son calme habituel et leur dit : «Si vous avez besoin de médicaments, venez me voir au dispensaire. Je vous accueillerai ». Puis, elle redémarre et rentre à  la communauté. A la nuit tombante, les Sœurs priaient le chapelet rassemblées sur la véranda. Des hommes venant de la forêt s’avancent vers Sœur Adèle. Avec son bon sourire habituel elle les emmène au dispensaire pour les servir. C’est cela notre chère Sœur Adèle !

Quand ses forces diminuent à  soixante six ans Sœur Adèle demande de pouvoir réaliser un projet mà»ri depuis longtemps : s’implanter dans un village éloigné de la mission pour être proche des gens, les aider dans leur vie chrétienne comme un «bon catéchiste», dit-elle. C’est le village de Bandewouri, à  40 km de Kribi qui est retenu. Elle y vivra quatre années, jusqu’au jour où une hémorragie l’oblige à  être hospitalisée à  Douala. Après un traitement lourd et une opération elle terminera sa belle vie missionnaire à  Douala en 1976.

«Elle a vécu l’Evangile dans sa simplicité. Comme Jésus elle passait en faisant du bien. C’est en la regardant que j’ai compris l’Evangile… ». Réflexions et témoignages de ceux qui la connaissaient.