Lorsque les quatre premières Spiritaines arrivent à Saint Paul des Rapides, en Centrafrique, en 1929, leur responsable, sœur Christiane Masseguin, a tout juste 24 ans.
Personnalité attachante, cette sœur Christiane qui a si profondément marqué les Districts où elle est passée ! Une parole, qu’elle avait faite sienne, la dépeint tout entière : « àtre missionnaire est un métier dont il faut avoir la passion. Autrement, il vaut mieux ne pas s’en mêler ! » Cet idéal, elle le vivra, avec le souci d’acquérir une compétence dans le plus grand nombre possible de domaines. Au fil des ans, sœur Christiane deviendra quasi-universelle, aussi capable de présider à la construction d’une case que de faire une conférence à l’Institut Catholique – de tenir un dispensaire que d’aider un sculpteur d’ivoire à se perfectionner dans son art – aussi apte à donner un cours de cuisine qu’à publier un livre sur sa congrégation. Ses talents seront largement exploités, en différents pays.
Après neuf années passées en Centrafrique, elle participe à la fondation de Pointe-Noire, au Congo, puis revient en France. La guerre stoppant les départs pour l’Afrique, elle donne libre cours à sa plume et écrit « A l’Ombre des palmes », un ouvrage haut en couleurs à travers lequel l’œuvre missionnaire et familiale des Sœurs du Saint Esprit est finement dépeinte.
En 1941, les connaissances médicales de sœur Christiane l’amènent, avec quelques compagnes infirmières, à la chartreuse de Montrieux, dans le Var : un hôpital auxiliaire vient d’y être installé. Elle a la joie de retrouver là des « tirailleurs sénégalais » venus refaire leur santé après avoir combattu courageusement. Elle les entoure et sait les comprendre… par le cœur. Avec eux, Christiane perdait ce premier abord austère et intimidant qui la desservait parfois.
C’est « l’île rouge » qui s’offre à elle en Juillet 1945. Elle est nommée à Ambato-Boeni, à Madagascar. Soeur Christiane s’y acclimate difficilement et multiplie les accès de paludisme. Elle « tient » cependant jusqu’en juillet 1949 date à laquelle son rapatriement s’impose. La voilà au repos! Mais de nouveau, en 1951, l’Afrique lui fait signe, plus précisément le Cameroun. Christiane « servira » avec bonheur à la léproserie d’Abong-Mbang. Puis de 1956 à 1962, elle assumera la responsabilité du District du Cameroun où travaillent 80 Spiritaines. Attentive aux besoins d’une société en pleine évolution, soeur Christiane crée le Centre de formation féminine de Yaoundé pour répondre à la demande de jeunes africains évolués dont les épouses n’ont pas eu la chance de passer par le collège. Et c’est une réussite !
Encore quelques années… en 1965, le retour définitif en France s’impose, son « veuvage de l’Afrique » comme elle aimait à le dire. Elle est bien fatiguée. Son cœur, qui n’en peut plus, l’oblige souvent à s’arrêter, mais jamais pour longtemps. Trois jours avant sa mort, bien qu’épuisée, Christiane tient à descendre comme de coutume pour la messe ; l’avant-veille, elle passera encore sa matinée à travailler. Jusqu’au bout, elle restera égale à elle-même : forte, généreuse, appuyée sur sa foi. Soeur Christiane meurt le 29 Juillet 1967, en pleine lucidité.