En ce jour anniversaire de la naissance au Ciel de notre Sœur Eugénie Caps, découvrons comment elle a vécu son chemin de sainteté tout au long de sa vie, en lien avec sa vocation missionnaire et sa vocation de fondatrice d’une œuvre missionnaire. Comme Jérémie, elle se sentait incapable, mais elle a fait confiance et a toujours désiré faire ce que Dieu voulait.

Nous écoutons la Parole de Dieu : en Jérémie 20, 7-9.

Tu m’as séduit Seigneur, et je me suis laissé séduire ! Avec moi tu as eu recours à la force et tu es arrivé à tes fins. A longueur de journée, on me tourne en ridicule, tous se moquent de moi chaque fois que j’ai à dire la parole, je dois appeler au secours et clamer « violence, répression ». A cause de la parole du Seigneur, je suis en butte à longueur de journées aux outrages et aux sarcasmes. Et lorsque je me dis : « Je veux oublier sa parole et je ne parlerai plus en son Nom», il y a, dans mon cœur, comme un feu qui m’embrase. Enfermé dans mes os, je m’épuise à le contenir et n’y arrive pas ! 

Comme Jérémie, Eugénie reçoit un appel qui lui fait peur, elle doute et pressent les difficultés d’une telle entreprise :

« Quelle surprise ! moi qui en lisant avais pitié des âmes qui étaient appelées à fonder des œuvres ! Je doutais, j’avais peur d’être trompée. Je n’avais pensé nullement à chose pareille ».

Durant plusieurs jours, je luttais ne pouvant me résigner à dire un Fiat généreux pour accepter ce rôle de fonder l’œuvre aux instances de Jésus. Cependant ce que je n’hésitais jamais, c’était de faire sa très Sainte Volonté. Je n’hésitais devant aucune peine et aucun sacrifice « pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des pauvres âmes ».

Eugénie accepte la volonté de Dieu.

« C’était le 7 Mai 1915. J’avais reçu Jésus-Hostie, Jésus m’avait dit que l’œuvre réussirait. Jésus me dit alors que je ne pourrais sortir de l’église, sans lui avoir promis que j’acceptais ma mission. Ce fut une lutte, je ne voulais pas et cependant je ne pouvais faire aucun mouvement pour quitter l’église. Je vis alors la main de notre Seigneur tendue vers moi, Je me sentis pressée de mettre ma main dans la sienne et j’acceptais de faire sa très Sainte Volonté. Je promis à Jésus d’accepter d’être la première Supérieure et Fondatrice de l’œuvre, si telle était sa volonté ». Ma vocation, Collection Spiritaine n°3, page 54.

A Farschviller, elle comprend la nécessité de la sainteté pour la réussite de l’œuvre.

« Pour vous servir, mon Dieu, il nous faut devenir de bonnes et saintes religieuses. Nous tendrons donc à la plus haute perfection ». Journal de Sœur Eugénie Caps, 1921. « L’œuvre marchera son chemin voulu ! Que je désire que cette chère Congrégation naissante soit un nid de petites saintes et grandes saintes ! ». Journal de Sœur Eugénie Caps, 1922.

La sainteté Eugénie va la vivre au quotidien dans tout ce qui fait la trame de sa vie.

A Jouy-aux-Arches, c’est la remise en état de la maison qui nécessite un gros travail avant l’arrivée des Sœurs pour le noviciat. Eugénie se donne totalement par amour pour Dieu et les âmes.

« Nous faisons notre entrée à la Villa Notre Dame : Sœurs Joséphine, Marie et Eugénie. Elle est intérieurement dans un état lamentable ! La maison est vide, pas une chaise, pas même une caisse. Portes et fenêtres brisées. Un froid glacial ! ». 03 février 1922.

 « L’installation, nous le sentons fort bien, nous a mis à bout de forces. Avant de commencer cette retraite et le noviciat, un repos de 15 jours aurait été nécessaire – personne ne le comprend – mais notre santé ne pourra tenir ! – Mon Dieu j’irai jusqu’au bout de mes forces physiques et morales ! Mais ma force est en vous ! Sans quoi je n’en puis plus, l’énergie me fait marcher encore – seule pour votre plus grande gloire ! » 12 mars 1922 à Jouy.

« Quelle consolation pour moi lorsqu’ après avoir bien souffert durant la journée je viens à vos pieds le soir et que là je puis vous dire du fond de mon cœur que tout était pour vous et par amour pour vous. Oh ! Personne ne le sait, personne et moi j’en suis heureuse. N’est-ce pas là l’amour pratique ?  12 janvier 1923.

A Mortain : c’est dans des tâches très matérielles qu’elle se sent missionnaire et qu’elle le vit avec une âme d’apôtre. Elle vit l’amour pratique.

« Mon Dieu ma vocation d’apôtre m’appelle à la vie active. Il me faut donc joindre les deux ensemble, vie active et contemplative. Il ne faut pas que la vie active surpasse l’autre. Au contraire la vie intérieure est l’unique nécessaire ! Recueillement, solitude, silence, modestie. Il est vrai que je vis au milieu du bruit, mais je puis tout de même vivre recueillie dans la solitude intérieure et même garder le silence et être modeste. Je ne dois pas me donner plus au dehors qu’en ce que ma charge me demande. Jamais je n’avais compris ce reproche de Notre Seigneur à Marthe « Une seule chose est nécessaire ». 04 novembre 1923.

Le 2 octobre 1924, Sœur Eugénie écrit dans son journal intime

« Monseigneur me disait que j’irais en Afrique et voilà que l’on me dit que non. Eh bien, mon Jésus, que l’on fasse de moi ce que l’on voudra. Je ne demande rien. Vous seul me suffisez. Une seule chose est certaine, je dois porter ma croix amoureusement et cette pensée me console. Je ne veux pas mourir en me disant : J’ai fait ma volonté propre. Il me semble que je ne suis bonne à rie. Je remets tout entre vos mains et du petit coin béni que vous me faites encore l’honneur d’être, je vous remercie, mon Dieu ! Jésus, peu m’importe les réflexions des hommes ! Voilà des échelons qui m’aident à monter vers Vous.

Le chemin conduisant au ciel c’est la croix et sans la croix, il n’y a pas de salut ».         

 Dans ses lettres à Catherine Frentz, Sœur Eugénie écrit :

« Dieu se sert de qui il veut. Sentons notre misère, notre incapacité à faire quoi que ce soit : Lui seul accomplit de très grandes choses. Vivons une vie sainte, de vraie sainteté ! Soyons unies à notre Dieu, quoi qu’il nous arrive ». 19 octobre 1927.

« Soyez courageuse, je vous en prie. Avancez avec courage et confiance dans la voie du renoncement et du pur amour. Une Œuvre coûte cher, immensément cher ! Qui vous le dira plus que moi, mais peu importe les souffrances pourvu que le bien se fasse. Remettez tout dans le cœur de Jésus. Il saura vous mettre à l’aise et vous donner sa Paix ». 30 avril 1929.

Accueillons le témoignage des Sœurs d’Ingenbohl qui ont accompagnées Sœur Eugénie durant les derniers jours de sa vie à l’hôpital : « Mère Eugénie fut un exemple de charité. Jamais je n’entendis de ses lèvres soit une plainte, soit un reproche. Sa grande gaieté témoignait de sa grande paix d’âme. Il faisait bon la connaitre et l’approcher. Toutes les Sœurs aimaient aller chez elle. Sa mort nous a causé un réel chagrin. Nous la pleurions comme notre Sœur ».

 Le Pape François nous dit : « Le Saint est capable de vivre joyeux avec le sens de l’humour. Sans perdre le réalisme, il éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d’espérance ». Exhortation Apostolique du Pape François.

 Souvenons-nous de la dernière lettre de Sœur Eugénie à sa communauté, 3 jours avant de rendre son dernier souffle : « Comment je vais ? Eh bien, normalement bien. Les douleurs ne sont pas encore entièrement disparues. Déo Gracias ! Je ne dors presque pas la nuit. Mais fiat. Le docteur est très content. Ce soir, on enlève les dernières agrafes. Que faites-vous de bon ? N’êtes-vous pas trop fatiguées toutes ? Priez et chantez bien Saint Joseph. Moi j’essaye de chanter mais cela ne sort pas encore. A vous ma plus grande affection en Notre Seigneur. 

Le Pape François nous dit encore dans son Exhortation apostolique : « N’aie pas peur de la sainteté, elle ne t’enlève pas les forces, ni la vie, ni la joie. C’est tout le contraire car tu arriveras à être ce que le Père a pensé quand il t’a créé et tu seras fidèle à ton propre être. N’aie pas peur de viser plus haut, de te laisser aimer et libéré par Dieu. N’aie pas peur de te laisser guider par l’Esprit-Saint. La sainteté ne te rend pas moins humain, car c’est la rencontre de ta faiblesse avec la force de la grâce ».

Gardons dans nos cœurs le testament qu’Eugénie nous a laissé dans ces derniers mots écrits dans son Journal Intime :

 « Me voici, mon Jésus, me voici. Peu importe l’avenir, je suis à Vous. Ô me perdre en Vous, m’effacer, m’humilier, me faire petite, m’abandonner dans une entière confiance, pour vous aimer parfaitement, et pour que [ mes frères et sœurs ] noirs tant aimés vous connaissent, vous aiment et vous servent ». 25 février 1931.

Nous prions ensemble la prière d’Eugénie: Esprit-Saint

Esprit-Saint

Esprit du Dieu vivant et éternel éclairez-nous.
Venez avec vos saintes lumières dans nos âmes.
Nous vous prions du fond de notre cœur,
donnez-nous les lumières
pour faire la très sainte volonté du bon Dieu.
Esprit-Saint, remplissez-nous de votre esprit d’amour,
de charité, d’humilité, d’abandon et de patience.
Donnez-nous force, lumière, sagesse et crainte de Dieu.
Je mets en vous, Esprit-Saint, toute ma confiance.
Esprit-Saint, qui réglez tous les mouvements de ma vie,
faites que je ne mette aucune résistance
à vos saintes inspirations.
Faites que nous suivions vos inspirations toujours !
Amen !

                                                                 Sœur Eugénie Caps