En 2021, les Soeurs Spiritaines ont célébré le premier Centenaire de fondation de leur Congrégation. En octobre 2022, elles commencent la célébration du Centenaire de la 1ère prise d’habit, c’est-à-dire la première entrée au noviciat des Soeurs Spiritaines, qui a eu lieu le 12 octobre 1922, en France, à Jouy-aux-Arches, en Lorraine.

Pour cela, du 12 octobre 2022 au 16 mars 2023, chaque mois, des textes de Soeurs Eugénie Caps, en lien avec le premier noviciat des Soeurs Spiritaines sont proposés à notre méditation. Une découverte inédite de ces premières années de formation à la vie spiritaine. Suivons les pas d’Eugénie, qui nous introduisent dans ce temps très particulier qu’est le noviciat.

Le « Noviciat » peut désigner à la fois un lieu et une étape.

Un lieu : en 1922, ce lieu  pour les Soeurs Spiritaines, c’est Jouy-Aux-Arches. En 2022, ce lieu, c’est Vaucresson.

La première prise d’habit en 1922, à Jouy-Aux-Arches, en Lorraine.

noviciat 2022

Noviciat des Soeurs Spiritaines, en France, à Vaucresson en 2022.

Une étape : le noviciat est le temps de l’incarnation d’un désir, longuement mûri par une candidate à la vie religieuse. C’ est aussi un temps d’initiation au service d’une croissance spirituelle personnelle. Eugénie a transcrit cette croissance dans son Journal.

  1. L’évènement historique

Le Groupe de Farschviller est transféré à Jouy-aux-Arches le 7 mars 1922. De 3 jeunes filles, Eugénie Caps, Lucie Lay et Élise Muller, à l’Épiphanie 1921, elles sont maintenant 18, qui se placent sous la direction des Pères Spiritains.

Ce Groupe, qui a grandi à Farschviller, se structure à Jouy. Au terme d’une retraite de 8 jours prêchée en français par le Père Onfroy et traduite en allemand par le Père Clauss, aumônier du groupe, ce dernier remet à chaque jeune un voile blanc. C’est l’entrée au Postulat.

Le 26 mars, Sœur Adeline, de la Congrégation des Sœurs de la Divine Providence de Saint Jean de Bassel, arrive à Jouy-aux-Arches, pour prendre en main la formation religieuse.

Début octobre, Père Pascal prêche une retraite uniquement en français, et le 12 octobre 1922, l’entrée au Noviciat a lieu dans la stricte intimité, présidée par Mgr Le Roy. Lors de cette cérémonie, les novices reçoivent leur habit et un nouveau prénom.

« Quand Mgr Le Roy se vit entouré des 22 novices, vêtues de blanc et des 13 postulantes (arrivées le 4 octobre 1922) avec leur mantille noire, il fut au comble de la joie et reprit courage, car lui aussi avait suivi l’évolution des premiers mois de Jouy avec inquiétude »[1]. 

  1. Comprendre le sens de l’évènement

La prise d’habit est une cérémonie qui s’apparente à un rite de passage qui fait passer du Postulat au Noviciat. La jeune revêt alors l’habit de la Congrégation, d’où le nom de prise d’habit, et dès lors, la Novice fait partie de la Congrégation. L’usage du changement de prénom n’est plus en cours depuis le Concile Vatican II. Le Droit canon encadre strictement l’entrée au Noviciat, en particulier en ce qui concerne l’instance qui admet au Noviciat, les critères d’admission au Noviciat y compris les documents à fournir, et les critères qui invalident l’entrée au Noviciat. Tous ces éléments sont repris par nos Constitutions, c’est pourquoi il peut être bon de relire en Communauté les numéros 76, 76* et 78 de Notre Vie Spiritaine

  1. Célébrer le Centenaire de l’évènement et prier avec la Congrégation

Le mercredi 12 octobre, les communautés célèbrent une Eucharistie en action de grâce pour cette 1ère entrée de 22 jeunes filles au Noviciat des Sœurs spiritaines à Jouy-aux-Arches.

Durant tout le mois d’octobre, chaque soir de la semaine, nous sommes invitées à prier avec l’un des textes suivants tirés des notes de retraite de Sœur Eugénie Caps pour la prise d’habit. Cf. Journal de Sœur Eugénie Caps, retraite du 5 au 12 octobre 1922.

Je la conduirai dans la solitude et là, je parlerai à son cœur… Oui mon Jésus, de nouveau vous m’appelez à la retraite, le recueillement et la prière devant vous, avec vous seul. Avec une certaine peur, je pensais à cette retraite, cependant Dieu aime le sacrifice et l’âme généreuse. Hier au soir, au moment de commencer cette retraite, la grâce de Dieu me vint en aide et le cœur heureux, content, tranquille même, je me suis mise à la tâche. Après avoir fait ma coulpe auprès de Mère Maîtresse et une bonne confession, j’étais vraiment heureuse, l’humilité me fait du bien. Journal de Soeur Eugénie Caps.

 Être « sainte » et marcher de l’avant. Comme chrétienne je suis destinée à aller au ciel, comme religieuse, à avoir une place de choix au ciel et comme missionnaire à sauver des âmes ! Quelle est belle cette mission que Dieu m’a confiée. Allons mon âme, arme-toi de courage. Mais avant tout, il me faut être « sainte », devenir bonne et fervente ! Marcher de l’avant sur le chemin de la perfection. Je le puis si je le veux. Oui je le veux. Mon Dieu bénissez mes résolutions. Journal de Soeur Eugénie Caps.

Chapelle du noviciat à Vaucresson – avril 2021

Vivre comme Dieu le veut et attendre de lui tout secours. Le Père parle des difficultés, des ennuis que l’on peut avoir pendant l’oraison. Oui, cela m’arrive de ne pouvoir faire une oraison sans un tas de distractions de tous genres. Tant que ce ne sont pas des distractions volontaires, l’oraison est bonne. Le bon Dieu après m’avoir donné beaucoup de consolations et la vie intime avec Lui, sut me faire passer par des aridités ! Faire de son mieux toujours. Vivre comme Dieu le veut et attendre de Lui tout secours. Montrer à Dieu que je L’aime, que je le sente ou non ! Dieu connaissant mon cœur, sait bien que je ne veux que Lui en tout temps et en tout lieu. Ne jamais omettre ses exercices. La force est dans la prière et l’union à Dieu seul. Fidélité, générosité, sacrifice, amour ! Journal de Soeur Eugénie Caps.

Tulipes du jardin du noviciat à Vaucresson – avril 2021.

Vous me voulez comme religieuse, hélas, je ne suis qu’une faible enfant. Cette conférence sur les châtiments d’une mauvaise religieuse me remua un peu, car il faut bien prendre à cœur son avancement spirituel. Mon Jésus vous me voulez comme religieuse, hélas, je ne suis qu’une faible enfant ! Votre appui, votre sainte grâce cependant ne me manque pas ! Oui je suis heureuse durant cette retraite qui me fait tant de bien. Mon Dieu merci pour tous vos bienfaits, pour votre amour. Je veux être une sainte novice, il me manque beaucoup, je ne suis qu’une imparfaite. Il me faut mettre avant tout mes résolutions en pratique et sans retard. Journal de Soeur Eugénie Caps.

Vous aimer, mon Dieu. Certes, la pensée de l’enfer remue et ramène l’âme sur un droit chemin, le chemin de la vertu. Mais la pensée du ciel, de Dieu qui m’aime, me saisit davantage et me fait prendre à deux mains les moyens pour devenir bonne et fervente religieuse. Dieu est amour ! Il nous le montre durant sa vie terrestre. À son exemple, il me faut marcher de l’avant. Mon âme, agitée ce mois passé, redevint calme et tranquille. Quel bien ! Vous aimer mon Dieu, en faisant votre très Sainte Volonté partout et toujours. Sacrifier toutes mes vues, mes idées, mes penchants, pour vivre d’une obéissance aveugle. Le Père dit 2 mots qui me frappaient, humilité et confiance. Par moi je ne puis rien mais en Dieu, je puis tout ! Journal de Soeur Eugénie Caps.

Ma bonne Mère du Ciel, aidez-moi. Mon chapelet, je veux le dire tous les jours. Ma bonne Mère du Ciel, aidez-moi toujours, je veux être à Vous sans retour. Je suis faible, avec vous cependant je puis entreprendre le chemin de la perfection. Oui, bonne Mère, je veux vous être fidèle par une dévotion particulière de chaque jour. Encore quelques jours et je serai la fiancée de Jésus. Comme Dieu est bon ! En avant mon âme ! Toutes les épreuves sont pour ton plus grand bien. Oui, je veux être une bonne religieuse, sans détour. Journal de Soeur Eugénie Caps.

  1. Actualiser cet évènement par une attitude d’écoute amoureuse de la Parole de Dieu

« Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé ». Is 50, 4-5. Cette citation biblique figure dans nos Constitutions, page 56.

[1] Origines de la Congrégation, Manuscrit de Sœur Élise Muller, page 42 de la 1ère édition dactylographiée.