Soeur Olga Fonseca

En la fête de l’Épiphanie 2021, Soeur Olga Fonseca, Supérieure générale des Sœurs Spiritaines, a prononcé une Allocution pour l’ouverture du Centenaire de Fondation de la Congrégation, à l’église Notre Dame de l’Arche d’Alliance. En voici l’extrait.

Aujourd’hui, jour de l’Épiphanie du Seigneur, nous sommes nées, fondées par un tout petit noyau : Eugénie, Élise et Lucie. Trois jeunes filles pleines d’audace, de détermination et remplies d’espérance dans ce que le Seigneur avait dit à une d’elles, à Eugénie, « L’Œuvre réussira. Je la désire de tout mon cœur ». Cf. Ma Vocation, Collection Spiritaine 3, page 54.

Cent ans après la Fondation, ce jour de grâce, que dire de cette aventure humaine et de foi ? C’est bien vrai, à Dieu rien n’est impossible.

Nous sommes en 1921, veille de l’Épiphanie du Seigneur. Le train s’arrête à Farschwiller, un petit village de la Lorraine. À la gare, les Pères Spiritains de la communauté de Neufgrange, Clauss et Karst, le Curé et l’Abbé Pitz, prêtre originaire de Farschwiller, les attendent. Le Père Karst leur dit chaleureusement : « Mes élues, soyez les bienvenues ». Puis, devant l’église paroissiale, les Sœurs de Saint Jean de Bassel avec leurs enfants de l’école et beaucoup d’autres personnes du village les accueillent. Le Père Karst, avec joie et émotion, souhaite aux trois jeunes filles la bienvenue, en les appelant à être les bases d’un nouvel édifice et il explique à la foule que ces jeunes sont venues pour se préparer à devenir des Sœurs missionnaires.

Le Père Clauss transmet la bénédiction de Monseigneur Le Roy, Supérieur général des Spiritains, qui se trouvait à ce moment-là à Rome, et remet à Eugénie une enveloppe de sa part avec 500 Francs. Devant ce geste Élise, en racontant plus tard, s’exclame, « Ce fut toute notre fortune ». À la maison, dans un coin du couloir, elles installent une petite crèche. Voilà, le premier oratoire de la Congrégation. Ce jour-là, il faisait très froid et humide, et elles étaient rompues de fatigue. Dans l’obscurité de la nuit, les scènes du départ repassaient dans leurs esprits. Mais devant elles se dressait la volonté de Dieu et leur fidélité à cette nouvelle Œuvre.

Le lendemain matin, jour de l’Épiphanie du Seigneur, les trois jeunes se rendent à l’église paroissiale. L’Abbé Eich les attend devant la porte et leur dit : « Alors, on s’engage pour toujours ? ». « Oui pour toujours », répondent-elles. Pour la première fois l’Eucharistie les unit en communauté. Voilà, le nouvel Institut commencé.

Depuis les débuts de l’Institut, Sœur Eugénie nous apprend à prier avec une docile confiance et un abandon sans faille : « Esprit-Saint, éclairez-moi pour que je fasse la très sainte volonté du Père. Que l’Œuvre se fasse comme Dieu la veut. Elle est commencée, vous conduirez tout à bonne fin ». Cf. Journal de Sœur Eugénie Caps, 15 janvier 1921.

Sœur Eugénie nous explique comment elle ressent l’appel du Seigneur, qui pour elle est clair et précis, « L’idée des missions et d’une nouvelle fondation se dressait toujours devant moi comme la volonté de Jésus. Pour moi, il ne s’agissait plus de tâtonner, d’hésiter, mais d’agir ». Cf. Notes de Sœur Eugénie Caps au Père da Cruz.

Toutes nous connaissons l’histoire des débuts de notre Institut. Une histoire qui va de pair avec l’itinéraire humain et spirituel de notre Fondatrice. « Les Missions m’attirent et je veux faire la très sainte volonté de Dieu. Je crois la faire en commençant en union avec mes Sœurs en Jésus une œuvre nouvelle. Une nouvelle Congrégation de Sœurs missionnaires à notre compte, indépendante de toutes autres congrégations ». Cf. Journal de Sœur Eugénie Caps, 31 octobre 1919.

Sœur Eugénie apprend peu à peu à se dépouiller de tout ce qui l’encombrait, pour que la volonté du Seigneur prenne en elle toute la place. Et c’est ainsi, tout simplement, qu’elle a donné une âme à la Congrégation naissante. « Nous sommes rien. Pour cette Œuvre, nous nous plaçons toute entière entre les mains de Jésus, Marie et Joseph ! Notre confiance est grande et nous espérons contre toute espérance ». Cf. Journal de Sœur Eugénie Caps, 26 novembre 1919. Elle a cru à la Providence, elle a suivi le souffle de l’Esprit sans jamais regarder en arrière, elle a confié au Cœur de Marie son oui à Jésus, elle a choisi Saint Joseph comme « son homme d’affaires » et elle a embrassé la volonté de Dieu sans cesse, même au milieu de l’obscurité de l’inattendu.

Eugénie se laisse façonner par la Parole de Dieu, son cœur se dilate en méditant les écrits du Père François Libermann. Et c’est chez Libermann qu’elle trouve les mots pour dire ce qu’elle porte, depuis 1915, au plus profond d’elle-même. Sa spiritualité à lui, c’est la sienne à elle. Une spiritualité axée sur la docilité à l’Esprit, le dépouillement de soi, l’abandon à Jésus, la confiance agissante, la disponibilité au service de la mission et l’Espérance illuminant tout chemin. Sœur Eugénie est travaillée de l’intérieur par la Croix et la Mission, c’est-à-dire le mystère pascal. Sa vie se dépense généreusement, sans condition, pour le Seigneur.

Puis notre fondatrice discrètement a disparu, elle n’avait que 38 ans, 10 ans après la fondation. Mais l’essentiel est là. Tout est là. Nous sommes la mémoire et l’héritage, nous sommes le présent et l’avenir. C’est à nous, à nous seules, de parcourir le reste du chemin, en suivant le souffle de l’Esprit, là où Il veut nous conduire. Et souvenons-nous avec joie, tout a commencé à l’Épiphanie de 1921, trois jeunes filles, dans le petit village de Farschwiller, l’Évangile au-delà de toute frontière, annoncé aux nations.

Nous rendons grâce au Seigneur pour le passé de notre Institut et pour la vie missionnaire de nos Aînées. Nous rendons grâce pour le présent et pour l’avenir.

Oui, c’est le moment, à cette Eucharistie, de dire notre grand merci au Seigneur, de lui dire toute notre reconnaissance. Ensemble, « rendons grâce au Seigneur sur la cithare, jouons pour lui sur la harpe à dix cordes. Chantons-lui le cantique nouveau, de tout notre art soutenons l’ovation. Le plan du Seigneur demeure pour toujours, les projets de son cœur subsistent d’âge en âge ». Cf. Psaume 32 (33).

Extrait de l’Allocution de la Supérieure générale, pour l’ouverture du Centenaire de Fondation de la Congrégation des Sœurs Spiritaines, à l’église Notre Dame de l’Arche d’Alliance, Fête de l’Épiphanie, 3 janvier 2021.