Marie Foubert, jeune infirmière française, est partie en volontariat avec l’Association Opération « Amos ». Elle a passé 6 mois chez nos Soeurs Spiritaines, à Jacmel en Haïti, de novembre 2016 à mai 2017. Elle nous partage ses découvertes et ses joies.

Mes motivations

Depuis longtemps, je souhaitais faire une expérience à l’étranger, non pas en tant que touriste mais travailler avec la population, avec le défi de m’intégrer, autant pour donner que pour recevoir. Pouvoir créer un véritable échange, avec des discussions sur les sujets du quotidien et non pas sur nos différences.

Ma mission

J’ai travaillé auprès des « Restaveks » 3 fois par semaine, dans le Centre Eugénie Caps. Avec trois autres animateurs, nous accueillons des enfants qui n’ont pas la possibilité d’aller à l’école, laissés pour compte. Certains vivent chez leurs parents mais ces derniers sont « absents ». Alors les enfants vivent seuls et entrent petit à petit dans le petit banditisme, vols. Ou des enfants dont les parents sont bien présents, mais c’est vraiment les parents qui sont pauvres. Ou encore des enfants déscolarisés à cause d’un handicap. J’apprends à travailler avec les autres animateurs, à être  tolérante, à comprendre. La préparation des activités me prennent du temps. Pas de photocopieuse, pas de matériel, trouver des idées adaptées à l’âge, aux différences de chacun, des activités instructives et non pas juste pour occuper les enfants.

En deuxième activité, je fais des consultations avec les bébés. Poids, distributions de médicaments, éducation des mamans grâce à mes compétences d’infirmière. Ces mamans viennent surtout pour acheter de la farine pour leurs bébés. Enfin, je participe aux taches de la vie quotidienne, aide à la cuisine, lessive, moudre la farine. Préparation de différentes fêtes, Noël, Saints innocents, fête paroissiale. Cours de français à une postulante et à un jeune de la paroisse.

Mes découvertes

La première chose qui m’a interpelée, c’est à l’aéroport. Lorsque j’ai dû aller sur la ligne pour « étranger », oui, c’était moi l’étrangère. J’ai déjà voyagé, mais cette impression m’a marquée. J’apprends d’une part à comprendre ce que c’est « d’être pauvre », ce que cela peut engendrer. Cette pauvreté, je ne la voyais pas initialement car les gens restent dignes et bien habillés. J’ai dû apprendre à gérer le temps. En effet, au début, je m’ennuyais et essayais de comprendre ce que les gens faisaient de leur temps libre. En fait, tout prend du temps, faire la cuisine prends la matinée, laver le linge une bonne partie de la journée, s’occuper de soi, discuter avec le voisin.

J’ai découvert l’entraide entre les familles. Les personnes qui ont davantage de moyens financiers aident facilement ceux dans le besoin. Je découvre l’accueil et la générosité. J’apprends à être généreuse moi-même, moi qui suis « économe ». Mon expérience de 15 jours à la Maison-mère des Sœurs Spiritaines m’a déjà beaucoup apporté. Ma vision de « la religieuse » a été totalement modifiée. J’ai vu que les Sœurs étaient heureuses dans leur choix de vie mais pas pour autant coupées du monde. Ce sont de vraies professionnelles, qui ne font pas les choses au hasard. Ce sont des personnes très ouvertes et accueillantes, quel que soit notre rapport à la foi. J’apprends également la vie en communauté, le sens de l’accueil. J’ai trouvé un apaisement dans la prière, un certain épanouissement et sérénité tout en restant fidèle à mes principes. Mon rapport avec l’étranger évolue aussi. Apprendre à ne pas être méfiante tout en agissant avec discernement. Avoir des relations vraies, reste un travail quotidien !