Les sœurs : Agnès, Joséphine et Grâce sont des spiritaines. Elles œuvrent à Iligan aux Philippines. Elles nous partagent une histoire impressionnante et intéressante.
Les Bajaos mendient dans les rues… Ils viennent du Sud des Philippines, ont fuient la misère et la violence et, sont discriminés aux Philippines.
Voici l’histoire de Jikiri. Il nous a fallu 2 ans pour reconstituer son histoire qui comporte encore bien des inconnus pour nous.
Jikiri est un petit garçon de 8 ans environ. Il est né dans le Sud des Philippines et son papa était pêcheur. Un jour qu’il pêchait de nuit, selon la coutume locale, dans sa barque avec 2 autres hommes du clan, ils ont été attaqués par des pirates. Ces pirates ne laissent aucune chance aux Bajaos. Ils demandent le poisson, la barque, et de toute façon, ils tuent.
C’est ainsi que le papa de Jikiri est mort. Jikiri était encore petit, et il a choisi son grand frère pour être son papa. Puis la maman de Jikiri a décidé de partir avec les plus jeunes de ses enfants, et elle est arrivée à Iligan. Jikiri est un enfant très attachant, mais difficilement prévisible. Il ne tient pas en place, aime le contact avec les autres, mais est facilement dans la bagarre.
Nous avons ouvert une école très spéciale pour eux, dans leur campement, et tout de suite Jikiri est venu. Cependant, il a été très irrégulier tout en étant présent pour les occasions de fêtes ou de sorties. C’est maintenant sa deuxième année avec nous, il est plus régulier, aime se réfugier de temps en temps dans nos bras, puis repart, toujours sautillant. Et quand la classe se termine, Jikiri se rend au marché pour vendre des sachets en plastique, affrontant avec crainte les rebuffades et le mépris. C’est ainsi que nous avons découvert son histoire.
Chaque enfant a son histoire, souvent dramatique, mais ces enfants veulent vivre. Ils découvrent l’école avec ses difficultés et ses joies. De même, nous avons vécu quelque chose d’émouvant à l’école avec l’un des enfants appelé Mima. Un jour, Mima était absente de l’école et quand elle est venue le lendemain, les sœurs l’ont interrogée :
Les Sœurs : pourquoi n’étais-tu pas présente à l’école le jour précédent?
Mima : « Je n’étais pas présente hier parce que je suis allée mendier ». Il n’y avait pas de nourriture dans la maison alors je suis allée à la recherche de nourriture.
Les Sœurs : Mais tu sais bien que, quand tu viens à l’école, il y a le déjeuner et des collations pour toi.
Mima : Oui je sais que je vais avoir mon déjeuner et des collations à l’école mais il n’y aura pas de nourriture pour ma mère et mon frère à la maison.
A cette réponse d’un enfant de huit ans, nous étions toutes silencieuses car c’était touchant. Les enfants de Bajaos sont vraiment les sources de revenue pour leurs familles.
Nous avons beaucoup de cas similaires. Bien qu’ils vivent dans de telles conditions, les enfants et leurs parents sont heureux. Les parents sont motivés pour amener leurs enfants à l’école même si, au début, ils étaient opposés à notre mission. Rayonnant de joie, un parent nous a dit « Maintenant mon enfant m’enseigne à la maison quand il rentre de l’école ». Un autre : « Mes enfants iront à l’école et nous vous aiderons ».