Le samedi 13 juillet 2013, les capitulantes partent en pèlerinage à Notre-Dame des Victoires, à Paris.
Le Père Richard Fagah, animateur spirituel du Chapitre, nous exhorte à travers son homélie:
« Si notre pèlerinage ce matin s’inscrit dans une démarche de recueillement auprès du Saint Cœur de Marie, comme les apôtres rassemblés autrefois en prière autour d’elle, il s’inscrit davantage dans la reconnaissance d’une certaine généalogie, ce que j’appelais « les liens génétiques » qui existent entre ce sanctuaire et la famille spiritaine.
Saint Mathieu ne s’est pas amusé à reconstruire la généalogie de Jésus-Christ en remontant jusqu’à Abraham. Ce qui est à souligner dans cet agencement de patronymes (et fort heureusement de matronymes, par endroits), ce n’est pas uniquement une histoire de lignée pour montrer comment le Christ est un rameau sorti de la racine de Jessé.
Il y a ici une généalogie spirituelle, généalogie de la sagesse divine agissant au sein de l’histoire des hommes, la transformant en histoire sainte. C’est cette sagesse-là qui permet de comprendre, sans vergogne, que l’on puisse compter dans l’ascendance du Christ-Jésus des noms comme Thamar, de laquelle Juda engendra Pharès. On sait comment Thamar est parvenue à faire des enfants avec celui qui était normalement son beau-père. Que dire de Rahab ou de Ruth, toutes deux venues de l’étranger et surtout de la femme d’Ourias, de laquelle David engendra Salomon ?
C’est par lecture à rebours, à partir de l’événement chrétien, que nous pouvons saisir cette autre généalogie, celle de la sagesse divine, qui sous-tend le récit monotone de saint Mathieu. C’est elle, la sagesse, qui permet à saint Joseph de prendre chez lui, Marie, son épouse, alors qu’il était en droit de la répudier une fois au courant de cette histoire d’une conception humainement inexplicable.
Chères sœurs, réunis à Notre-Dame des Victoires, il nous est impossible de ne pas reconnaître ce qui coule dans nos veines, tel notre ADN spirituel. C’est l’histoire de notre engendrement en matière d’intuition missionnaire, en matière de charisme. Eugénie Caps s’est inscrite spirituellement dans la lignée de Libermann lorsqu’elle s’est exclamée « Voilà notre esprit tout trouvé ! ». Elle s’est reconnue dans la spiritualité missionnaire libermannienne, reconnaissant par-là même sa paternité.
Et Libermann engendra Eugénie et son noyau d’amies qui voulait une œuvre « uniquement missionnaire ». Elles ont engendré unetelle et unetelle, qui engendra d’autres jusqu’à vous. Cette histoire de l’engendrement se trouve gravée ici par la présence du Père Libermann sur le bas-relief qui orne l’autel principal de cette basilique.
La généalogie se poursuit par votre présence ici ce matin. Unetelle engendrant unetelle. Nous avons tous été engendrés en matière de charisme missionnaire. Mais il ne suffit pas de reconnaître cette filiation. Pour que l’histoire missionnaire continue à s’écrire, nous devons être assez féconds pour engendrer à notre tour.
Revenus à ce haut lieu spirituel, lieu de mémoire et de ressourcement près de la Vierge, nous pouvons évoquer encore une fois l’une de ces intentions qui figurent dans la prière pour le Chapitre Général. Missionnaires du Saint-Esprit, tu nous as voulues, Seigneur, sous la protection du Saint-Cœur de Marie. Accorde-nous au cours du 14ème Chapitre général de nous laisser agir par l’Esprit ».