L’un des grands desseins de la première Supérieure générale des Spiritaines, Mère Michaël Dufay fut d’associer des laïques à l’apostolat des Spiritaines. Ainsi elle fonde les Oblates.
Des femmes de valeur apportèrent alors aux missionnaires le soutien de leur prière, de leur amitié et parfois aussi de leur collaboration active. Rosalie fut de celles-là .
Rosalie et son frère sont nés à la Martinique où le papa, canadien, avait épousé une créole. Douze ans plus tard, la famille retournait au Canada puis s’établissait en Amérique.
Rosalie voyage en Europe, visite de nombreux sanctuaires. Au cours d’un pèlerinage à Rome, elle est frappée par les souvenirs laissés par Saint Benoît-Labre, le “saint pauvre de Jésus-Christ”, pèlerin sans domicile fixe et, elle décide de suivre son exemple. Elle distribue aux pauvres la fortune qui lui reste de ses parents offrant à Dieu sa rude vie d’indigente pour obtenir la conversion de son frère. Elle retourne en Amérique et suit courageusement son programme.
Vers 1930-1935, elle revient aux Antilles et s’installe en Guadeloupe. Pendant vingt ans, les habitants de Pointe-à -Pitre la voient parcourir les routes, quêtant pour ses pauvres et ses malades.
En 1955, les Spiritaines, présentes à l’hospice du Raizet, font sa connaissance : « Petite figure menue, pauvrement habillée, traînant, autant que ses forces le lui permettaient, de lourds sacs contenant tout ce qu’elle avait pu obtenir dans les magasins et sur les marchés».
Et pour ne pas dépenser de l’argent “inutile” comme elle disait, elle faisait à pied les deux kilomètres de Point-à -Pitre au Raizet. Elle vivait dans une minuscule petite chambre, dans le quartier le plus pauvre et se nourrissait très sobrement.
Quand elle venait chez les Sœurs, c’était toute une affaire que de lui faire prendre un peu de café… Elle sortait de son sac un morceau de pain rassis et un petit flacon d’eau “J’ai mon petit déjeuner avec moi” disait-elle.
A 74 ans, après une maladie qui l’amène à l’hôpital général, elle demande son admission au Raizet au titre d’indigente assistée par la commune. Préférence lui fut donnée et son nom inscrit en tête de la longue liste d’attente. Contre toute prévision, quelques jours plus tard un lit se trouva libre, voilà donc Rosalie installée dans une des meilleures chambres.
Pouvant encore marcher, elle cherche à rendre service :
Ma Sœur, dites-moi ce que je ne fais pas bien. Je suis si heureuse d’être ici. Voyez, je n’ai plus de famille sur cette terre.
Mais n’aimeriez-vous pas trouver une famille spirituelle qui vous recevrait les bras ouverts ? Nous avons des Oblates du Saint-Esprit qui, tout en restant dans le monde, collaborent étroitement à notre apostolat missionnaire en offrant leur vie priante.
Oh ! que j’aimerais cela!
Le 4 Novembre 1959, Rosalie prononçait sa consécration d’Oblate. Sa santé lui permit de participer aux travaux des Sœurs, de les accompagner à la chapelle. Au service de tous les vieillards, elle rayonnait la paix, vivant à coeur sa vie d’Oblate jusqu’au 25 Janvier 1965, jour où Dieu fut sa récompense.