Les premières Sœurs arrivent en Oubangui-Chari, aujourd’hui République Centrafricaine, en Janvier 1929. Elles sont quatre : leur responsable, Sr Christiane Masseguin, a 24 ans ! Elles font leurs premières armes à la mission de Saint Paul des Rapides fondée en 1894. Elles y trouvent un internat d’environ 50 filles recrutées par les Pères lors de leurs tournées de brousse. Une femme africaine, formée à Brazzaville, s’en occupe. Cette personne parle très bien le français : elle sera une aide précieuse pour les Spiritaines qui ont besoin d’une interprète : « Pour tout, nous allions près d’elle, munies d’un crayon et d’un carnet ! » La langue, le sango, est apprise sur le tas et les Sœurs la sauront très vite.
Pour nourrir les internes, les plantations vivrières sont indispensables. La journée des filles se partage donc entre le travail des champs, le catéchisme, les classes d’alphabétisation et d’écriture, la couture et la broderie. L’ouverture d’un ouvroir constitue un moyen de subsistance : les Sœurs apprennent aux fillettes à broder : celles-ci se montrent douées pour ce genre de travail et la vente s’effectue chez les européens ou en France.
Les Spiritaines soignent les malades dans les villages environnants, visitent les familles, préparent les femmes au baptême et au mariage, leur objectif premier étant l’établissement de la famille chrétienne. Elles ne craignent pas leur peine, mais elles découvrent aussi, en voyant vivre les gens, l’âme africaine dans sa profondeur, avec des valeurs différentes des leurs.
En 1931, c’est la fondation de la communauté de Mbaïki, à 100 kilomètres de Bangui, en pleine forêt. Les deux fondatrices qui sortent du Noviciat se retrouvent dans une case provisoire de terre battue, portes fermées par un cadre de bois sur lequel est fixée une natte épaisse. Courageusement, ces pionnières s’adaptent à leur rude vie…et même à la récolte des chenilles ! « Dès l’apparition des premières chenilles, les gens du village s’enfonçaient dans la forêt. Nous partions, nous aussi, avec les filles et restions environ trois semaines, logeant dans un poste de catéchiste. Pour du camping, c’en était ! A cinq heures du matin, remue ménage : les filles se dispersent dans la forêt en quête des fameuses chenilles. Il y en a 33 variétés environ ; certaines tombent des arbres avant le lever du soleil. Vers midi, les filles rentrent, avec leurs paniers grouillant de la précieuse marchandise. Une partie est prélevée pour le repas du jour ; le reste est gardé pour la conserve. Les chenilles sont un régal que Dieu envoie à ses enfants de Mbaïki ! »
Quelques années plus tard, en 1933, la capitale, Bangui, reçoit ses premières Spiritaines. Là encore, organisation d’un ouvroir avec une quarantaine de femmes ; ouverture d’une école de filles dont l’effectif atteint vite une centaine d’élèves ; une Sœur travaille comme infirmière à la maternité de l’hôpital.
La guerre de 1939 bloque en France les Sœurs en congé. Les fondations sont interrompues jusqu’en 1947 qui voit l’arrivée des Spiritaines à la léproserie d’Agoudou-Manga (450 kms à l’est de Bangui). L’équipe comprend : une Sœur médecin, une autre gestionnaire et deux Sœurs infirmières. Formule adoptée : celle du village où les lépreux vivent en famille et font eux-mêmes leurs plantations dans la mesure du possible. Au début, on compte 325 malades et l’on atteindra le chiffre de 1325 pour redescendre ensuite à partir de l’emploi des sulfones dans les traitements de masse. A mentionner une expérience de culture attelée dirigée par le Père Aumônier de la léproserie aidé par quatre Volontaires du Progrès. Une activité qui donne aux villages un regain de vie !
Le Lycée Pie XII ouvert par les Spiritaines en Octobre 1957 est construit au bord de l’Oubangui. Il permet aux jeunes Centrafricaines l’accès aux études secondaires. Au départ, ce lycée était un simple collège : il accueillait alors, en régime d’internat, un cours normal et une classe de 6ième. En 1961 sortaient les premières élèves titulaires du B.E.P.C. (brevet d’études). En 1962, la nationalisation n’ôta au collège aucune liberté essentielle. Il devint lycée lorsque s’ouvrit le second cycle, en 1970.
Dix jeunes centrafricaines ont découvert le charisme de la Congrégation et sont devenues Spiritaines. A leur tour, elles portent la Bonne Nouvelle à travers le monde.