Associer des laïques à l’apostolat des Spiritaines, fut l’un des grands desseins de la Supérieure générale, Mère Michaël Dufay, en fondant les Oblates du Saint-Esprit. Des femmes de valeur apportèrent alors aux missionnaires le soutien de leur prière, de leur amitié et parfois de leur collaboration active.

Parmi elles, une figure haute en couleurs : Suzanne Lanse.

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Née à  Annecy en 1898, elle est très vite remarquée pour ses dons artistiques et bénéficie de la formation d’artistes peintres de grand talent. Sur les instances de sa mère devenue veuve, elle renonce cependant à  sa carrière d’artiste et vient habiter avec elle à Talloires, au bord du lac, dans un cadre superbe. Dès lors, elle consacre sa vie à  peindre des paysages de haute montagne. A sa mort, en 2002, elle laisse 800 œuvres dont se montre fière la ville d’Annecy. Certaines sont présentes à  l’étranger, notamment au Japon et en Chine.

Ecoutons Suzanne nous décrire ses marches d’approche vers la beauté :  » Jusqu’ici les peintres soit disant de montagne, la peignaient de la plaine, confortablement installés. Ce confort n’a jamais existé pour les peintres que l’on pourrait qualifier de haute montagne. Tous fervents adeptes des sommets, toujours prêts à  les gravir avec un matériel très réduit, le tout devant être porté sur le dos, des heures durant.

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Une nuit passée en montagne permettait de saisir la naissance du jour, la lumière délicate et encore fraîche du petit matin, d’assister au lever du soleil dévoilant progressivement les pics, aiguilles et pointes de glace. Mais les heures les plus somptueuses restaient toutes fois le soir. Le soleil rosissait les glaciers sous un ciel passant du bleu au vert. Puis survenait alors la transfiguration des hauts sommets par le reflet des rayons du soleil disparaissant. Cette transfiguration était le point d’orgue d’une journée de grand beau temps, une apothéose. Mais il fallait mériter cette beauté et la marche qui faisait passer au second plan beaucoup de choses ».

La découverte de ces paysages resplendissants, la griserie de l’altitude transformaient Suzanne, spirituellement et physiquement. Jusqu’au jour où l’épreuve de la cécité fond sur elle.

Comment réagit-elle ? Elle nous livre sa pensée :  » bien sûr l’artiste accepte. Mais cette acceptation ne se fait pas une fois pour toutes. C’est chaque jour, plusieurs fois par jour qu’il doit le faire. Mais Dieu est là . L’artiste, consciemment ou inconsciemment, croit en Dieu, créateur de la beauté. Il repense aux heures merveilleuses où il créait si une main dirigeait sa main pour exprimer la beauté qu’il essayait de réaliser. Son inutilité peut alors être utile par sa souffrance « .

A 103 ans, Suzanne était accueillie par Dieu dans l’infinie Beauté.