Fondation Spiritaine au Cameroun (du 5 décembre 1924 à  nos jours).

Depuis 1890, les missionnaires Pallottins, Pères et Sœurs, réalisaient un magnifique travail au Cameroun, colonie allemande.

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En 1914 éclate la première guerre mondiale qui a des répercussions jusqu’en Afrique. En 1916, la conquête du Cameroun par les Alliés étant achevée, les missionnaires allemands doivent se retirer.

Les catéchistes entretiennent la flamme et bientôt, des missionnaires du Saint-Esprit français prennent le relais. Mais du côté féminin, le départ des Sœurs allemandes a laissé un grand vide. Comment le combler ? En vain, plusieurs Congrégations ont été sollicitées.

C’est alors qu’en 1921 naît, en Lorraine, à  l’initiative d’Eugénie Caps et avec l’appui de Mgr Le Roy, l’institut des Sœurs Missionnaires du Saint-Esprit. Sa première fondation en Afrique sera précisément le Cameroun. Huit jeunes Sœurs arrivent à  Mvolyé-Yaoundé le 5 Décembre 1924, accueillies avec enthousiasme par un millier de chrétiens.

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Quelle sera leur tâche ? Essentiellement, au départ, accompagner les femmes et les familles dans le grand mouvement d’évolution qui se dessine.

La polygamie avait pris un caractère profondément immoral. La dot qui était initialement le symbole d’un échange entre clans, avait atteint des taux considérables. Seuls pouvaient la verser de riches notables souvent âgés. Or les jeunes femmes ne supportaient plus d’être mariées contre leur gré à  des vieillards. L’idée qu’elles pourraient être libres pénétrait, comme un ferment, dans la plus humble case. Un ordre nouveau se cherchait : les Spiritaines allaient contribuer à  l’organiser sur la base de foyers chrétiens. Ce sera ce que l’on a appelé l’œuvre des fiancées.

Parmi ces dernières, beaucoup sont encore païennes et les jeunes chrétiens demandent qu’elles viennent à  la mission pendant quelques mois afin de bénéficier d’une formation sur tous les plans. Sœur Pierre se consacre d’une façon spéciale à  cette tâche apostolique difficile mais attachante. Très vite, elle s’est mise à  la langue du pays, l’ewondo, ce qui lui a permis de se frayer un chemin dans le cœur de ces femmes et d’établir avec elles une relation amicale.

L’œuvre des fiancées, si importante soit-elle, ne constitue pas le tout de l’activité des Spiritaines. On commence aussi l’école primaire ; on va dans les villages recruter les élèves, mais beaucoup de parents cachent leurs filles. Bientôt cependant, pour répondre au désir de certaines familles, on ouvre un internat. Dès la première année aussi fonctionne un dispensaire. « Tout manque, sauf les clients » écrit la Sœur infirmière. Un envoi de médicaments répond à  son appel ! La visite des villages se fait à  pied, à  cheval ou en chaise à  porteurs envoyée par le chef !

Grâce au renfort arrivé de France, 1925 est une année de fondations : à  Douala et à  Ngowayang, les Sœurs reprennent le travail missionnaire si bien lancé par les religieuses allemandes. Ces dernières n’ont pas eu le temps de s’installer dans la maison préparée pour elles à  Minlaba. Les Spiritaines y font leur entrée à  la lueur des torches, à  huit heures du soir. Et là  comme ailleurs, elles se mettent vite à  la besogne ! Le travail est exigeant ; il ne laisse guère de loisirs. Voici comment un Evêque de ce temps, Mgr Bernard, évoquait les Sœurs du Saint Esprit : « Le temps qui n’était pas consacré à  la prière passait tout entier à  l’activité dans de rudes et chaudes journées où les nerfs et la résistance étaient mis à  rude épreuve…C’était la tâche immédiate qui primait, écrasante, il est vrai, et on s’y livrait au jour le jour, sans compter… »- « Oui, la vie était dure, pourra dire une Sœur, mais nous étions si heureuses ! » Leurs joies profondes ? Voir s’étendre l’Eglise et s’épanouir les familles.

A Yaoundé comme à  Douala, les Evêques confient aux Spiritaines la responsabilité de former les futures religieuses de deux Congrégations camerounaises auxquelles l’autonomie sera donnée en 1962 et 1964. « Nous sommes vos descendantes spirituelles ! » aiment-elles à  dire encore aujourd’hui !

Durant 86 ans, le Sœurs s’efforcent de répondre aux besoins du pays : ouverture de collèges, de centres de formation féminine, soin des lépreux, etc. Elles s’effacent volontiers chaque fois que des autochtones peuvent les remplacer et elles partent plus loin. Cependant, les Spiritaines demeurent présentes :

A Yaoundé-Mvolyé, la « petite maison-mère », lieu de leur première implantation. Au Bosquet : chez les Pygmées de la forêt de l’Est-Cameroun.

A Djougoumta, au Nord, en milieu de première évangélisation.

A Douala, avec différentes œuvres sociales : enfants de la rue, handicapés,ect.

Le Noviciat francophone a quitté le Sud (Yaoundé) pour vivre la mission dans le Nord (Maroua) dans des conditions plus conformes à  notre vocation.

L’Eglise locale a porté fruit : de nombreux prêtres, religieux (ses) et laïcs engagés continuent à  travailler pour elle. Et notre joie, c’est d’accueillir de jeunes camerounaises dans notre famille spiritaine ; à  leur tour, elles vont semer la Bonne Nouvelle aux extrémités du monde.