« Ma sœur aide-moi à  chercher des amis. J’aimerais que vos amis soient mes amis », demande Benjamin à  sœur Filomena. Ce jeune est paralysé depuis 10 ans, suite à  une chute pendant l’entraînement sportif.

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En décembre 2003, sœur Filomena commençait à  rendre visite à  Benjamin dans un des quartiers de Yaoundé, appelé Mvogada, au Cameroun. Ce jeune très accueillant et ouvert a comme seul mouvement du corps, sa tête, ses yeux, ses doigts et sa parole. «Il m’a raconté tout son parcours… jeune étudiant, plein de projets et d’ambitions jusqu’au jour de son accident. Six mois d’hospitalisation. Au départ, il y avait beaucoup d’espoir dans l’intervention chirurgicale. Ensuite, il fallait continuer la physiothérapie, mais les faibles économies familiales étaient ruinées. La maman et ses frères ne pouvaient plus supporter le coût des traitements. La famille décide alors de son retour à  la maison pour continuer le traitement indigène selon les moyens à  leur disposition», explique sœur Filomena et Benjamin confesse combien cette décision lui a été pénible. «Ce fut très difficile d’accepter ma nouvelle condition de vie. Les premières années, je recevais la visite des collègues, des amis, des voisins mais avec le temps seulement les plus proches venaient me voir».

Quand sœur Filomena l’a rencontré, c’était la cinquième année de Benjamin «collé au lit», complètement dépendant de sa maman et d’un de ses frères. Il avait des escarres dues à  la position fixe jour et nuit. Sœur Filomena, étant infirmière, décide de lui rendre visite régulièrement. «Deux fois par semaine je voyais Benjamin, je lui faisais le pansement et autres soins. L’amitié, la confiance et le partage s’établissaient de plus en plus entre nous. C’est dans ce contexte que Benjamin me fait cette demande qui m’a beaucoup touchée. Il me dit : Ma sœur vous travaillez au dispensaire et chaque jour vous voyez beaucoup de personnes. Vous avez des amis, aidez-moi à  chercher des amis. J’aimerais que vous amis soient aussi mes amis !».

Au-delà  des murs de sa chambre, Benjamin avait soif de relation, de communication, d’amitié. Sœur Filomena parle ainsi de lui autour d’elle. Des infirmières, des malades, des jeunes, des catéchistes, des amis s’intéressent à  la situation de Benjamin et un réseau est alors créé. Le réseau d’amis de Benjamin. Chacun s’engage à  lui rendre visite. Dans ces visites, il y a ceux qui lui rendent service en l’aidant à  boire, en lui donnant à  manger, en lui faisant la toilette, en lui racontant une histoire, en l’écoutant…

Un jour une proposition jaillit ! C’est Noël et le réseau d’amis de Benjamin lui offre un téléphone portable. «Le téléphone lui permet d’aller, lui aussi, à  la rencontre de ses amis. Ce téléphone l’aide beaucoup à  réutiliser ses doigts et ses mains, même si c’est avec difficulté. C’est vrai, Benjamin continue toujours dans le même lit, toujours paralysé mais le monde a changé pour lui. Maintenant, il a des amis et il sait qu’ils pensent à  lui. Benjamin n’est plus seul et se sent aimé et apprécié».

Sœur Filomena, appelée à  devenir première conseillère générale des Sœurs Spiritaines quitte le Cameroun, mais «je pense que la chaîne va continuer».